« Œuvre ambitieuse que celle à laquelle s’attaquent ici François Jouffa et Pierre Layani : proposer une écoute comparative des enregistrements anglo-saxons que la nouvelle vague française adapta à la langue de Molière, à l’avènement d’une première tentative de rock hexagonal. On le sait, ces premières transpositions se firent d’abord sous l’angle de la parodie (via Boris Vian et Henri Salvador). Il suffit d’écouter l’adaptation du “See You Later Alligator” de Bill Haley par le dénommé Mac Kak (“T’es Pas Tombé Sur la Tête”) pour mesurer l’étendue du malentendu ! En 75 titres (alternant donc systématiquement versions françaises et anglophones), nos deux exégètes brossent donc un panorama édifiant de la question. “Kili Watch” s’avère ainsi à peu près aussi inepte dans sa transposition en français par Johnny, mais son arrangement local (avec l’appoint d’un excellent guitariste jazzy) surpasse celui de l’original par The Cousins. À l’inverse, si sa traduction en préserve le sens, “Ma Petite Amie Est Vache” perd, dans l’adaptation des Chats Sauvages, l’essentiel du swing de l’original par Presley, (“Mean Woman Blues”), de même que “I’ve Got You” de Bobby Boss, (“Le Jour J”, par les mêmes coupables). Par contre, l’adaptation de “La Bamba” de Ritchie Valens par les Chaussettes Noires passe étonnamment bien l’épreuve du temps, de même que celle du “Three Cool Cats” des Coasters par Richard Anthony. Il n’en demeure pas moins que certaines prestations de french stars intemporelles n’auraient rien perdu à rester dans l’oubli (ainsi de “Mon Amour Oublié” par le juvénile Hallyday). Le bonheur de réécouter “Oh Les Filles” par les Pingouins (avec Dominique Blanc-Francard qui produira, une décennie plus tard, la version d’Au Bonheur Des Dames), ou “C’est Encore Une Souris” par Danny boy Et Ses Pénitents (d’après “Ciao Ti Diro” d’Adriano Celentano), voire le méconnu “500 Miles” des Journeymen (dont Hugues Aufray et Richard Anthony firent “Et J’Entends Siffler Le Train”) n’en demeure pas moins vivace. »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS-MOVE
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS-MOVE