« De Jacques Gamblin, je garde l’impérissable souvenir de son magistral strip-tease dans Pédale douce (de Gabriel Aghion)… Vingt-deux ans plus tard, le voilà rhabillé et muni de la toge impériale. Les éditions Frémeaux & Associés nous donnent l’occasion, grâce à cette voix magnifique, de « licouter » (ou « écouter lire ») de larges extraits des Pensées à moi-même.
L’individu qui consigne ses pensées est l’un des hommes les plus puissants de son époque. Infatigablement, Marc Aurèle (121-180) administre un empire gigantesque et lègue à la philosophie une œuvre capitale. Imagine-t-on un Trump, un Poutine, prendre un minimum de hauteur et livrer aux siècles à venir des maximes aptes à conduire le lecteur tout droit à l’ataraxie ?
L’empereur pourfend l’étroitesse d’esprit, dénonce l’attrait pour le vain, fustige la mesquinerie : « Si jamais tu as eu l’occasion de voir une main, un pied, ou une tête coupés, et qui gisaient séparés du reste du corps, tu peux te dire que c’est là une image de ce que fait l’homme, pour lui-même, du moins autant qu’il le peut, quand il n’accepte pas de bon gré le destin qui lui est réparti, qu’il s’isole volontairement, ou qu’il commet un acte contraire à la loi commune. » En un temps où l’individualisme gagne du terrain, tendre l’oreille au philosophe, ne serait-ce pas retrouver le sens du tout et, activement, combattre les formes d’exclusion ?
Une sérieuse cure de l’âme
Faire grand cas de sa personne, obéir au doigt et à l’œil aux caprices de l’imagination, négliger le bien commun, voilà ce qui nous tourmente. Et l’empereur-médecin de dispenser un souverain remède à quiconque se prendrait pour le nombril du monde : songer aux hommes illustres qui nous ont précédés, à toutes les cités détruites, et congédier illico toute fanfaronnerie. Discipliner ses jugements, consentir au réel, bien agir et aimer… voilà le défi de l’apprenti stoïcien. Sacré boulot ! Les neurosciences confirment aujourd’hui l’étendue de la tâche : quotidiennement, soixante mille pensées traversent en moyenne un cerveau humain. Et soixante-dix pour cent de cette production mentale est négative : rumination, peur, anxiété, colère… D’où la nécessité d’un traitement de choc, d’une sérieuse cure de l’âme. Le stoïcisme n’a rien de plombant. Au contraire, il nous affranchit de ce qui aliène et nous apprend à maîtriser un discours intérieur qui tient très souvent d’un sombre baratin neuronal, d’un atterrant soliloque. (...) »
L’individu qui consigne ses pensées est l’un des hommes les plus puissants de son époque. Infatigablement, Marc Aurèle (121-180) administre un empire gigantesque et lègue à la philosophie une œuvre capitale. Imagine-t-on un Trump, un Poutine, prendre un minimum de hauteur et livrer aux siècles à venir des maximes aptes à conduire le lecteur tout droit à l’ataraxie ?
L’empereur pourfend l’étroitesse d’esprit, dénonce l’attrait pour le vain, fustige la mesquinerie : « Si jamais tu as eu l’occasion de voir une main, un pied, ou une tête coupés, et qui gisaient séparés du reste du corps, tu peux te dire que c’est là une image de ce que fait l’homme, pour lui-même, du moins autant qu’il le peut, quand il n’accepte pas de bon gré le destin qui lui est réparti, qu’il s’isole volontairement, ou qu’il commet un acte contraire à la loi commune. » En un temps où l’individualisme gagne du terrain, tendre l’oreille au philosophe, ne serait-ce pas retrouver le sens du tout et, activement, combattre les formes d’exclusion ?
Une sérieuse cure de l’âme
Faire grand cas de sa personne, obéir au doigt et à l’œil aux caprices de l’imagination, négliger le bien commun, voilà ce qui nous tourmente. Et l’empereur-médecin de dispenser un souverain remède à quiconque se prendrait pour le nombril du monde : songer aux hommes illustres qui nous ont précédés, à toutes les cités détruites, et congédier illico toute fanfaronnerie. Discipliner ses jugements, consentir au réel, bien agir et aimer… voilà le défi de l’apprenti stoïcien. Sacré boulot ! Les neurosciences confirment aujourd’hui l’étendue de la tâche : quotidiennement, soixante mille pensées traversent en moyenne un cerveau humain. Et soixante-dix pour cent de cette production mentale est négative : rumination, peur, anxiété, colère… D’où la nécessité d’un traitement de choc, d’une sérieuse cure de l’âme. Le stoïcisme n’a rien de plombant. Au contraire, il nous affranchit de ce qui aliène et nous apprend à maîtriser un discours intérieur qui tient très souvent d’un sombre baratin neuronal, d’un atterrant soliloque. (...) »
Par Alexandre JOLLIEN - LE MONDE
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Lu par JACQUES GAMBLIN
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