« Cette compilation illustre avec jubilation la verve et l’irrévérence précoces » Paris Move

« Né Roger-Jean Gouyé, Jean YANNE nous a quittés voici quinze ans déjà, mais son souvenir demeure cher au public pour sa longue participation aux “Grosses Têtes” de Philippe Bouvard, et, au mieux, pour sa carrière au cinéma, en tant qu’acteur et réalisateur. Ce touche-à-tout débuta en tant que journaliste, puis homme de cabaret dans le Saint-Germain-des-Prés existentialiste. Ses sketches à l’humour déjà bien décalé ne lui valant pas que des succès, il décida d’ajouter à son arc le talent d’auteur-interprète de chansons. Ce coffret double CD illustre avec jubilation la verve et l’irrévérence précoces du futur auteur du film devenu culte “Tout le Monde il est beau, tout le monde il est gentil” (1972), puis de “Moi y’en a vouloir des sous” (1973). Un homme capable de compter simultanément pour amis Philippe Clay et le dessinateur Siné ne pouvait que receler les qualités requises par tout authentique anarchiste de droite. Aussi anticlérical et antimilitariste que réfractaire aux convenances et à toutes les modes, il déroule ici une succession de saynettes, tantôt parlées et chantées, reflétant toutes les facettes de sa personnalité iconoclaste. Bouffe-curé sans vergogne (“Le Soufre Et Le Bénitier”, “Avec Maria”) et libertin impénitent (“Conseil Aux Filles”, “Si Tu N’en Veux Pas”), il alternait pochades (“Psychose”, “Allo Brigitte”, “Allo Sacha”, “Suivez le Veuf”) et parodies (“Mustapha”, “Loukoum”), dont les plus saillantes se destinaient au rock (“Je N’Suis Pas Bien Portant” d’Ouvrard, “Le Rock Coco” , ou l’inénarrable “J’Aime Pas Le Rock”!). Avec Bob Azzam, en 1963, il se délectait ainsi par avance du déclin du twist (“Le Twist Est En Baisse”). Le second CD compile une douzaine de versions de titres signés Jean YANNE, par des interprètes aussi divers que Philippe Clay, Line Renaud, Ginette Garcin et Mouloudji, ainsi que l’enregistrement public d’une courte pièce de Robert Rocca, où il donnait la réplique à Michel Serrault. Un livret illustré de 24 pages complète et commente avantageusement cette anthologie. »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE