« Une anthologie qui mérite de faire date » par Jazzman

Si les Sallie Martin Singers furent la première formation de gospel entièrement féminine, les Roberta Martin Singers eurent le privilège de devenir le premier groupe vocal mixte – au sens masculin-féminin – de leur domaine. (Aucun lien de parenté n’unissait les deux Martin, mais une collaboration passagère due à leurs liens avec Thomas A. Dorsey, artisan fondateur du gospel moderne.) Le maître d’œuvre de cette anthologie qui mérite de faire date, Jean Buzelin, en relate ici l’histoire avec minutie et l’illustre par une sélection de soixante-douze plages où se font entendre les meilleures voix de l’ensemble. Roberta Martin, contralto, pianiste de formation classique, maître de chant, arrangeur, compositrice et éditrice, s’est de fait, entourée de choristes, solistes et claviéristes qui devaient refaçonner la musique religieuse afro-américaine et la soul : Bessie Folk, Delois Barrett-Campbell, Lucy Smith, Eugene Smith, Norsalus McKissick, Robert Anderson, Myrtle Scott, Gloria Griffin ou Archie Dennis ont compté pour James Cleveland, les Caravans, Solomon Burke ou Aretha Franklin. Ce groupe qui comprenait à un moment deux sopranos, deux ténors, une contralto et un baryton mais aucune voix de basse, était déjà très aguerri en abordant l’enregistrement. Ses faces Apollo (1949-1955) sont techniquement moins parfaites que celles réalisées ensuite pour Savoy, mais on peut y voir les plus authentiques.

Par Philippe BAS-RABERIN - JAZZMAN