« Cet album regroupe en quatre cd les cinq disques originaux enregistrés entre 1992 et 2013 par un pianiste qui occupe dans l’histoire du jazz une place majeure. Un musicien « notoirement méconnu », comme eût dit Alexandre Vialatte. Méconnu du grand public, car les amateurs, eux, connaissent bien son talent et l’originalité de ses conceptions musicales, ce mariage du bebop et de la biguine devenu sa marque propre. Sans doute n’est-il pas le premier à pratiquer une fusion qui ne doit rien aux artifices ni à la mode. D’autres Antillais, Al Lirvat, Robert Mavounzy, notamment, ont su peindre leur jazz aux couleurs des Caraïbes et les influences créoles ont marqué cette musique dès ses origines néo-orléanaises. L’originalité d’Alain Jean-Marie tient, toutefois, à la subtilité qu’il a su insuffler à cet idiome particulier auquel il est resté fidèle depuis ses débuts. Servi par une remarquable technique instrumentale, un toucher délicat, une capacité à improviser sur des rythmes qui défient toute lourdeur, il est le prototype des musiciens qui ont su, sans la moindre compromission, rester fidèles aux canons du jazz, en l’occurrence le bebop, sans pour autant s’interdire d’en pimenter les entours. Autant dire que ce type de fusion que l’on pourrait qualifier de naturelle conserve, à la différence des artifices trop souvent en usage sous prétexte d’universalisme, des charmes inégalés. D’autant qu’Alain Jean-Marie a su choisir en Eric Vinceno (contrebasse) et les batteurs Serge Marne ou Jean-Claude Montredon des partenaires efficaces, partageant les mêmes conceptions esthétiques. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE