« Alain Goraguer méritait cet hommage » par Jazz Hot

« Alain Goraguer (1931), chef d'orchestre et arrangeur, a étudié le violon avant de se consacrer au piano. A Nice, en 1952, il rencontre Jack Diéval qui le fait venir à Paris et le prend comme élève. Accompagnateur de la chanteuse Simone Alma en 1955, c'est grâce à elle qu'il rencontre Boris Vian. Boris et «Gogo» deviennent très amis. Directeur artistique chez Philips, Boris lance Goraguer, pianiste de jazz, dans des disques en trio que nous trouvons dans le CD1. On relira le texte de Boris Vian, «Go...Go...Goraguer» dans le Jazz Hot n°114 (octobre 1950). Pourquoi ignore-t-on le fin musicien Alain Goraguer dans les milieux du jazz ? Parce que sa carrière s'est vite orientée vers les variétés (de qualité). Le consommateur de variétés d'hier comme d'aujourd'hui a une écoute globale et lorsqu'il y a un chanteur ça gomme l'habillage qui pourtant fait le morceau. Un Gainsbourg confiait au mieux une ligne mélodique et parfois des accords. C'est l'arrangeur, ici Goraguer, qui fait tout le travail avec les requins de studios qui traduisent avec talent toutes les subtilités des orchestrations. Très souvent ce sont des jazzmen. (…)
Le CD1 propose d'abord vingt morceaux par Alain Goraguer en trio (octobre 1956, 1958, Paul Rovère, b, Christian Garros, dm). Il a la versatilité et l'aisance d'un George Shearing, et il est influencé par Jack Diéval et Oscar Peterson (…). Denis Bourgeois présente Serge Gainsbourg à Goraguer en 1957. En juin 1958, ils réalisent le 25 cm Du chant à la une! Et suivra ce 45 tours de l'orchestre Goraguer intitulé Du jazz à la une qui jazzifie quatre thèmes de Gainsbourg dont le célèbre «Poinçonneur des Lilas». (…) Le CD1 se termine par du cha-cha-cha joué par les Goragueros en 1960 (…). Le CD2 est consacré aux musiques de film. (…) Le CD3 réédite les disques que Goraguer a fait en trio (titre 1) ou quartet (avec guitare) sous le pseudonyme de Laura Fontaine. 14 titres du 33 tours Piano-bar (1958) et un 45 tours Slow-fox (1959). C'est ça, du piano bar. Enfin les 12 derniers titres sont une expérience de re-recording ajoutant à l'orchestre de Goraguer, la formation de cordes de François Rauber (1962). (…) La musique est trop diverse pour mériter la mention «indispensable», mais elle est toujours de qualité et Alain Goraguer méritait cet hommage. »

Par Michel LAPLACE – JAZZ HOT