« Passion des mots justes et des univers singuliers » par Chant… Songs

« Retour de Gérard Pierron qui fait montre de ses talents d’interprète et de compositeur avec Good-Bye Gagarine. En vingt chansons, il montre vers quoi le pousse sa passion des mots justes et des univers singuliers. Good-Bye Gagarine, c’est une belle chanson du regretté Allain Leprest que Gérard Pierron mit en musique. Sur la pochette, Pierron se souvient du jour où tout commença pour leur duo, juste après un concert en 1983. Il écrit : « J’avais pleuré tellement c’était beau. J’avais devant moi toute la chanson que j’aimais, Boris Vian, Jacques Prévert, Mac Orlan, dans un seul homme. Cette pensée du cosmonaute lue dans le journal du coin lui avait plu puisque le soir, il avait posé son texte à côté de mon bol. « Gérard, j’attends la musique… » Ce fut notre première chanson. » Accompagné par sa fidèle équipe de musiciens, avec la belle présence des clarinettes pour soutenir le vibrato de l’accordéon, Gérard Pierron donne de sa voix douce sur quelques chansons magnifiques, saluant une fois encore le marin et poète un peu trop oublié de Marseille, Louis Brauquier,  dans cette Pluie d’été, qui dit les sentiments du voyageur dans l’attente d’un ciel plus bleu : « Tout projet aboli dans la pauvre lumière/ Et la prison de l’eau du ciel/ Naît une espèce de liberté intérieure/ Mollement désirée. »
Chanteur de l’ailleurs, Gérard Pierron n’oublie pas de garder les pieds sur terre et livre avec Le Parti des « sans », sur un texte de Patrick Piquet, un cri de défense contre ceux qui se battent pour survivre dans nos sociétés dévorées par le libéralisme. Il lance ainsi : « J’suis de chair et de sang/ Pour basculer ce monde/ Me voici émeutier/ Et je gueule en pissant/ Comprends-moi bien passant/ Je serai sans pitié/ La pitié j’ferai sans… / J’suis du parti des sans. » Bien sûr, la colère ne peut se passer de l’amour et c’est sur un beau texte de Céline Caussimon, (Caressons-nous) que Gérard Pierron laisse parler sa tendresse, après avoir emprunté à Charles d’Orléans un hymne qui était déjà écologiste avant l’heure. En terminant cette invitation au voyage poétique par les mots d’un Valery Larbaud et un Nazim Nikmet, Gérard Pierron prouve qu’il est de la digne race des troubadours d’antan. »
Par François CARDINALI – CHANT… SONGS