Ce troisième album des Primdufs voit le guitariste Dominique Cravic (Henri Salvador, Olivia Ruiz, Georges Moustaki), privé de son duelliste Didier Roussin emporté d’une tumeur au cerveau en 1996, réunir le plus incroyable des castings transgenres. Amuseurs publics (Fay Lovsky, scie musicale), scatteurs délurés (Daniel Huck, saxophone alto) et autres officiers de réserve font cause commune pour hisser haut un genre décrié : le musette métissé d’influences tziganes et jazz d’Emile Vacher puis de Gus Viseur. Ici, le nombre devient une qualité. Hommage avec amour et humour à Robert Crumb, “Portrait D’un 78tard” chante le barbon collectionneur compulsif des artworks de The Stuff That Dreams Are Made Of (2006) et Chimpin’ The Blues (2013). L’accordéoniste Daniel Colin et l’oudiste Mohammed El Yazid Baazi semblent avoir trouvé leur chemin de Damas sur “C’est La Goutte D’or Qui Fait Déborder La Valse” (orientale) où ils se questionnent/ répondent sans avoir l’air d’y toucher… Prodrome d’un changement de terroir ou Dominique Cravic caresse le tango “Maldita Noche” avec une saine dérision et la voix d’un Gainsbourg rive gauche. Cette auberge espagnole d’inrockuptibles Parigots, qui ne remettra le couvert en studio qu’en 2008 (Tribal Musette, non réédité), est désormais du goût des fines bouches du monde entier, dont Martin Scorsese qui la sollicitera pour la B.O. de son film polychrome Hugo Cabret en 2011.
Par Jean-Christophe BAUGE – PARIS MOVE
Par Jean-Christophe BAUGE – PARIS MOVE