« Cette galette caresse les sens autant qu’elle les échauffe » Paris Move

« On l’a découverte voici deux ans à peine avec son magistral “Children of The Night – Tribute To Wayne Shorter” (chroniqué ICI), et la Maison Frémeaux réédite à présent son tribute to Johnny Alf (19 mai 1929 – 4 mars 2010), précurseur méconnu (du moins de ce côté-ci de l’Atlantique) des grands maîtres de la bossa moderne que furent Joao Gilberto et Antonio Carlos Jobim. Sur les traces de Stan Getz et Sarah Vaughan en pareil équipage, l’ensorceleuse Manu et le saxophoniste Idriss Boudrioua (épaulés par les ivoires frétillantes d’Alberto Chimelli, la contrebasse alerte de Sergio Barrozo et les baguettes virevoltantes de Rafael Barata, ainsi que par deux flûtistes) déroulent dix envoûtantes adaptations du répertoire de Alf. Tour à tour irrésistiblement dansante (“Ceu E Mar”, “Rapaz De Bem”, “Seu Chopin”) et langoureuse (“Eu E A Brisa”, “Ilusoa A Toa”, “Quem Sou Eu”, “O Que E Amar”, “Nós”), voire les deux à la fois (“Fim De Semana”, et ce “Tema Para Idriss” où le piano de Chimelli tutoie Bud Powell et McCoy Tyner, et le sax de Boudrioua celui de Getz), cette galette caresse les sens autant qu’elle les échauffe. Captés à Rio de Janeiro en 2013, ces enregistrements ne sacrifient en rien à la muzak d’ascenseur où un consensus fallacieux a souvent confiné la bossa, pour renouer avec brio avec la fusion originelle entre les cultures de deux Amériques distinctes. »

Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE