« Des vocalises au timbre chaud et sensuel » par Chants…Songs

« Bossa Jazz For Ever, est la réédition d’un album de belle facture, enregistré à Rio et sorti en 2013, dans lequel Manu Le Prince rendait hommage à Johnny Alf, considéré comme le pionnier de la bossa nova.
Grande figure du latin jazz dans l’Hexagone, Manu Le Prince sait offrir des vocalises au timbre chaud et sensuel. Anglo-argentine par ses origines, elle est aussi brésilienne de cœur et le prouve avec cet hommage à Johnny Alf dans les dix reprises de Bossa Jazz For Ever. Juste retour des choses.
Mort le 4 mars 2010 dans un hôpital de la banlieue de São Paulo dans un certain oubli, Johnny Alf est considéré comme le précurseur de la bossa nova avant que ce genre ne connaisse le développement que l’on sait et Tom Jobim tout comme João Gilberto l’ont reconnu comme une influence majeure.
Habituée au partage – même si elle a plusieurs albums actifs sous son nom – Manu Le Prince a fait partie de plusieurs formations (de Magma à Urban Sax) et, en prime, passionnée de musiques ethniques et brésiliennes, elle ne pouvait laisser dans l’ombre d’univers d’un artiste comme Johnny Alf. Pour cet hommage, elle a œuvré avec une fine équipe. Outre Idriss Boudrioua, longtemps arrangeur et saxophoniste de Johnny Alf – et qui a signé les arrangements de ce disque- , elle s’est entourée de Alberto Chimelli au piano, de Sergio Barrozo, à la basse et de Rafael Barata à la batterie. Entre autres.
D’une plage à l’autre, Manu Le Prince, qui partage son temps entre la France et le Brésil, peut passer d’une interprétation mélancolique (Ilusao A Toa; Quem sou eu) à des versions où le tempo monte le ton (Rapaz de bem; Fim de semana em Eldorado) sans oublier des chansons chaloupées, habitées par sa voix puissante (Seu Chopin).
Avec une personnalité taillée pour la scène, Manu Le Prince est, après une prestation du Festival de Marciac en tournée au Brésil. Et on la retrouvera le 12 octobre au Festival Jazz sur Seine. Une chose est sûre : cet album remet en lumière un compositeur brésilien injustement oublié. Mot provisoire de la fin à Nelson Valencia, producteur et ami de Johnny Alf : « L’intimité de Manu exécutant l’œuvre de Johnny Alf, démontre son niveau d’identification avec le propre compositeur, et c’est une très grande joie pour moi de voir ses chansons traverser les mers. » »
Par François CARDINALI – CHANTS…SONGS