Franck Sinatra disait que « le rock’n’roll est la plus brutale, la plus hideuse, la plus prostrée, la plus vicieuse des formes d’expressions… » qu'il lui ait malheureusement été donné d'écouter. Le journaliste Bruno Blum nous montre lui que cette musique née après-guerre était surtout un reflet de l'évolution sociale et culturelle de l'époque. L'histoire du rock'n'roll commence donc côté afro-américain avec le jump blues ou encore rhythm and blues, et côté blanc avec le western swing. Arthur Crudup enregistre That's all right en 1946, Pee Wee King Ten gallon boogie l'année suivante, mais c'est Wild Bill Moore avec Rock and roll sur Modem en 1949 qui officialise les choses. Ces titres figurent sur le premier CD de ce coffret qui se conclut bien sûr par le Rocket 88 de Jackie Brenston. Le rock noir et les guitares country fusionnent définitivement avec l'arrivée du rockabilly (Carl Perkins, Johnny Burnette), non sans que les artistes afro-américains comme Junior Parker, Ray Charles et Big Mama Thornton (Hound dog) aient préalablement ajouté leurs ingrédients dans ce mélange explosif qu'Elvis Presley va populariser définitivement auprès de la jeunesse américaine avec sa reprise de That's all right en 1954. Conclusion de ce deuxième CD, la France est touchée dès 1956 via Boris Vian chanté par Magali Noël ou Henri Salvador ! 1956-1958 voit les grands succès du genre, rassemblés dans le troisième CD, concrétiser un âge d'or porté par les Little Richard, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis ou Buddy Holly avant que les années 1960 ne voient le genre se diversifier en surf music, pop, reggae ou même soul, ce que cherche à montrer cette fois un quatrième CD peut-être un peu moins pertinent. L'amateur de rock tout court aura en tout cas tous les éléments nécessaires avec ce coffret pour com- prendre d'où vient la musique qu'il écoute et aime. Merci Bruno Blum !
Éric Heintz – Soul Bag