« Ce coffret est une indispensable aubaine » par Classica

Deux hommes recherchent dans Manhattan le délégué français à l’ONU qui a disparu. Dans leur quête, au bout de vingt-cinq minutes, ils visitent les studios Capitol où enregistre une chanteuse. Le vibraphoniste est Christian Chevallier. Avec Michel Legrand, Martial Solal, Hubert Rostaing et Jacques Denjean, il fut un des grands arrangeurs français du jazz et de la scène hexagonale. La postérité, parfois injuste, l’a oublié. La Discothèque idéale de CLASSICA n°105 l’a consacré. Il fut surnommé « le prince du jazz français » par Jean Cocteau. Convoquant en studio pour de grandes formations le gratin des musiciens de jazz des années 1950 et 1960, il publia plusieurs albums soigneusement arrangés dont l’écoute un demi-siècle plus tard rend justice à la pertinence des ses compositions originales, à la sobre beauté des ses choix de timbres et à la magnificence des harmonies qu’il met en œuvre, qui représentent toute l’affaire de l’arrangement. Ce coffret prouve sans nul doute que Christian Chevallier fut un de nos grands musiciens français et l’un des tout premiers arrangeurs. C’est aussi l’occasion de réécouter Bobby Jaspar, René Guérin, Jean-Louis Chautemps, le vibraphoniste Fats Sadi, Allan Eager et le contrebassiste Pierre Michelot. Co-auteur, entre autres du « Toulouse » de Claude Nougaro, il fut sollicité par des chanteurs de premier plan (Trénet, Nougaro, Bécaud) et des chanteuses exigeantes (Juliette Gréco, Jeanne Moreau). Sont ici regroupés en trois CD des albums vinyle et des 45 tours devenus rarissimes, véritable trésor discographique où il mit son talent au service d’impeccables grandes formations dont aujourd’hui l’économie rendrait l’existence difficile, ainsi que des quartets et quintets de jazz. Tout sonne actuel, brillant, enthousiasmant. Ce coffret est une indispensable aubaine, d’autant que, cerise sur un délectable gâteau musical, il inclut la musique reconstituée en studio qu’il composa avec Martial Solal pour « Deux Hommes dans Manhattan », le très beau film de Jean-Pierre Melville.

Par Jean-Pierre JACKSON - CLASSICA