« Illinois Jacquet, l’éclosion d’un nouveau talent » par Jazz Magazine

« Flying Home » est un de ces morceaux phares qui, à toutes les époques, ont jalonné l’histoire du jazz et révélé l’éclosion de nouveaux talents. En l’occurrence, celui du saxophoniste ténor Illinois Jacquet, à peine âgé, en 1942, de dix-neuf ans et membre du big band de Lionel Hampton. Chargé d’exécuter un solo sur ce classique trente-deux mesures dû aux plumes conjuguées de son leader et de Benny Goodman qui l’avaient créé en 1939, il se livra, sur soixante-quatre mesures, à une improvisation torride, véhémente, gorgée de swing. En un mot, d’autant plus saisissante qu’elle était transcendée par une sonorité pleine, issue en droite ligne de la tradition des ténors texans. La prégnance de ce solo fut telle qu’il fit désormais partie intégrante du morceau et constitua le passage obligé de tous ses interprètes, repris par cœur par Jacquet lui-même puis par ses successeurs chez Hampton, notamment Arnett Cobb. Et « Flying Home » contribua à faire de Jacquet une sorte de chef d’école des ténors « hurleurs », chantres du blues et du rhythm’n blues.

Par J.A. – JAZZ MAGAZINE