« Né le 3 décembre 1911 à Milan dans une famille de musiciens, Nino Rota étudia dès son enfance au conservatoire de la capitale de la Lombardie, où il acquit une renommée précoce en tant que compositeur et chef d’orchestre (son premier oratorio, “L’Infanzia Di San Giovanni Battista”, fut représenté à Milan et à Paris quand il n’avait que douze ans!). Sur les conseils d’Arturo Toscanini, notre jeune surdoué obtint ensuite une bourse pour se perfectionner au Curtis Institute de Philadelphie, où il étudia de 1930 à 1932. De retour à Milan, il se consacra à son tour à l’enseignement de la musique tout en poursuivant son œuvre de compositeur, et prit en 1950 la direction du conservatoire de Bari, qu’il assura jusqu’à sa mort en 1979. Rota écrivit ses premières partitions pour le cinéma dès 1933 avec “Treno Popolare” de Raffaelo Matarazzo, suivi de “Jour De Noces” du même réalisateur, puis “Zazà”, de Renato Castellani en 1944. Il travailla aussi pour Edgar G. Ulmer, Alberto Lattuada, Henry Cass, Luigi Comencini, Terence Young et Henri Verneuil, et fit la connaissance de Federico Fellini alors que celui-ci travaillait sur son premier film, “Le Cheik Blanc” en 1952. Ce fut le début d’une fructueuse collaboration entre ces deux géants, incluant, entre autres, les bandes originales de “Les Vitelloni”, “Il Bidone”, “La Strada”, “La Dolce Vita”, ainsi que celles du “Satyricon”, d'”Amarcord”, de “Casanova” et de deux des quatre sketches de “Boccace 70”. Son ultime collaboration avec Fellini eut lieu lors du “Répétition d’Orchestre” de ce dernier en 1978, mais Rota fut aussi l’auteur des musiques des “Parrain I et II” de Coppola, ainsi que du “Roméo et Juliette” de Zeffirelli, ou encore de celles du “Guépard” et de “Rocco Et Ses Frères” de Visconti. S’ouvrant sur la bande originale du film de King Vidor, “Guerre et Paix” (avec de vraies citations de notre “Marseillaise” dedans), ce coffret triple CD propose ensuite sa quatrième collaboration avec Fellini, pour “Les Nuits de Cabiria” en 1957, suivie du score du “Plein Soleil” de René Clément en 1960, et de celui, plus mythique encore, de la “Dolce Vita” de Fellini la même année. Retraçant une période charnière dans l’œuvre du compositeur, cette anthologie le dépeint en pleine mutation. D’un classicisme ample (mais encore convenu) chez King Vidor, son registre s’ouvre dès lors à des danses folkloriques, ainsi qu’aux apports d’Outre-Atlantique (ragtime, swing, mambo et calypso), faisant bonne place aux cuivres, tout en préservant les nuances d’un travail orchestral élaboré. Sans se permettre toutes les audaces et la fantaisie de son contemporain Ennio Morricone, Rota n’en incorpore pas moins la mandoline, la flûte, le vibraphone, la clarinette, l’accordéon, l’orgue électronique et une guitare raisonnablement amplifiée à une cocktail music, alors manifestement référencée du côté de chez Henry Mancini. Art populaire par excellence, le cinéma brasse en effet une multitude de connections, dont ses musiques se font le support autant que le reflet. “La Dolce Vita” et “Rocco Et Ses Frères” le verront ainsi jouer de ces associations en une virtuose jonglerie, dont l’écoute postérieure se révèle indissociable des séquences qu’elles accompagnent. Désormais considéré comme l’un des plus grands compositeurs italiens du XXe siècle, Nino Rota a enregistré en 35 ans les bandes originales de près de 150 films, ainsi que celles d’une vingtaine de téléfilms et de séries télévisées. Nombre de celles-ci sont entrées dans notre patrimoine imaginaire collectif, et comme pour Cole Porter, Ennio Morricone ou les Beatles, elles ne sont pas près d’en sortir… »
Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE
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1956-1961
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