Ce coffret orné d’une belle photo d’André Hodeir ambitionne de nous convaincre que le compositeur et écrivain décédé en 2011 serait, aux côtés de Jacques Loussier, André Prévin et Claude Bolling, le pionnier, d’une tendance « crossover » qui mêlerait jazz et musique classique et aurait ouvert la voie à une fusion plus large. Sans rappeler ici les positions sévères d’Hodeir sur la question, ni bouder notre plaisir à l’écoute de plusieurs plages rééditées (comme les sessions Savoy d’Hodeir de 1957), on ne peut que souligner l’inadéquation de la sélection au sujet qu’elle veut illustrer. Pourquoi tout l’album Kurt Weill et non un aperçu plus large du travail de Loussier ? Pourquoi « Prelude To A Kiss » ou Cry Me A River » de Bolling ? Qu’apporte ici André Previn – certes bon pianiste de jazz ayant accédé au plus haut niveau comme interprète et chef d’orchestre classique – avec ces langoureuses « Secret Songs For Young Lovers ? S’il s’agit d’illustrer les cordes dans le jazz, les pionniers sont ailleurs et le sujet est différent. De platitudes en confusions, le texte du livret est illisible. La bourde qui clôt le CD 2 (Dario Moreno reprenant la « Lettre à Elise » en lieu et place du « Summertime » de Previn) nous fait au moins sourire…
Par Vincent COTRO – JAZZ MAGAZINE