« (…) Jamais à court de défis, c’est en compagnie d’une dream-team où s’illustrent les percussionnistes Robertinho Silva et Minino Garay, le contrebassiste Felipe Cabrera, le batteur Lukmil Perez, le superbe pianiste Leo Montana, ainsi que les saxophonistes Irving Acao (également en charge des arrangements) et Baptiste Herbin (sans oublier ses propres rejetons, Gaël et Julian Leprince-Caetano), qu’elle se propose à présent d’adapter une demi-douzaine d’originaux du mythique Wayne Shorter, quitte à les doter pour la circonstance de lyrics de son cru. Dès le majestueux “Eleonora (Lady Day)” introductif, on mesure avec quelle ferveur et quelle exigence Manu et ses hommes se sont investis dans ce projet. Assortissant de breaks latins le “Speak No Evil” de Shorter, ou “brazilianisant” la plage titulaire (avec le sax sinueux de Baptiste Herbin, et les ivoires virevoltants d’un Montana en état de grâce), Madame Le Prince surplombe magistralement ces adaptations de son timbre subtilement voilé. Milton Nascimento n’est pas en reste, puisqu’elle reprend également dans leur langue originelle ses propres “Tarde” et “Vera Cruz” (avec le bassiste Acelino De Paula, le pianiste Kiko Continentino et Zaza Desiderio aux drums), les restituant avec une verve jazz-bossa irrésistible. Qu’elle transpose (en portugais) le “Footprints” de Shorter (“Caminho Solar”) ou encore ses “Infant Eyes” et “Beauty & The Beast”, elle tutoie avec grâce et conviction les sommets parcourus en leur temps par Stan Getz, Ella et Gillespie sur les répertoires de Jobim et Gilberto. Adoubé par Shorter et Hermeto Pascoal in person, voici donc un sérieux candidat aux “Chocs du Jazz” de ce millésime ! »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE