« Jay Jay Johnson, c ’est le maître de tous les trombonistes. Il a su plier le trombone aux exigences du langage bop, élaboré par des trompettistes et des saxophonistes, des pianistes et des batteurs », précise Alain Gerber dans le livret de ce coffret 2 CD reprenant 32 morceaux enregistrés par Johnson de 1945 à 1961, 18 en tant que leader, 14 comme sideman. Mais Johnson ne s’est pas contenté du bop, poursuit Gerber : « Il l’enjambe dans la plupart de ses interventions. Et avec une grâce infinie. » Johnson a joué avec les plus grands : Bud Powell, Sonny Rollins, Miles Davis, Clifford Brown, Charlie Mingus, Horace Silver, Benny Carter, Coleman Hawkins, Benny Golson… Il était adulé par les musiciens, accablé d’éloges, mais il n ’a jamais été sûr de lui. Il a même fait parfois d’autres boulots pour regarder le jazz à distance. Son producteur devait souvent lui rappeler : « Mais tu es Jay Jay Johnson ! » Ce magnifique artiste est mor t à 77 ans, le 4 février 2001. Il souffrait d ’un douloureux cancer de la prostate et d’une sténose spinale. Trop. Il s ’est tiré une balle dans la tête. « On reconnaît Jay Jay Johnson à un son ténébreux, retenu, velouté », écrit on dans Le nouveau Dictionnaire du jazz, « et à un phrasé staccato qui fait exploser le particularisme de l ’instrument. » Ecoutez le : sa musique est fraîche comme du jazz d’aujourd’hui. »
Par JC VANTROYEN – LE SOIR