« Se dévore comme un bon roman » par Couleurs Jazz

(…) Solal c’est un monstre de travail, ce qui lui a conféré une technique sur l’instrument que seul son aîné — et idole — Art Tatum a atteinte. Son entraînement quotidien pendant des années a inclus la pratique de partitions de musiciens comme Chopin ou Rachmaninoff. Il n’est donc pas étonnant qu’il recueille l’admiration de pianistes classiques.
(…) Du solo au big band en passant par le duo — entre autres avec d’autres pianistes —, le trio — ponctuellement avec deux contrebasses mais la plupart du temps avec basse et batterie —, le quartet … il aura donc exploré la plupart des facettes du jazz en compagnie de comparses aussi divers que Sydney Bechet ou Django Reinhardt, Stéphane Grappelli ou Johnny Griffin, Didier Lockwood ou Eric Lelann, Michel Portal ou Daniel Humair, Kenny Clarke ou Paul Motian, Dave Liebman ou Lee Konitz.
Touche à tout de génie et orfèvre dans tout ce qu’il touche, Solal ne pouvait pas manquer de faire de son autobiographie une traversée des décennies qui l’ont vu évoluer dans un ordre aléatoire et tout sauf laborieusement chronologique.
(…) Lire « Mon siècle de jazz » — qui se dévore comme un bon roman — c’est donc se plonger dans une histoire de cette musique vécue par un de ses plus grands témoins et acteurs des deux côtés de l’Atlantique.
C’est aussi se familiariser avec un personnage à la fois discret et haut en couleurs, introverti et expansif : une véritable personnalité. Ceux qui lui ont parfois reproché une certaine froideur ou un excès de technique qui aurait bridé sa sensibilité auront l’occasion de réviser leur jugement.
Solal n’est certes pas un adepte du politiquement correct, du profil bas ou du sentimentalisme débridé. C’est un musicien unique et c’est à ceux qui ne sont pas immédiatement conquis par son art de faire le chemin vers un univers d’une richesse incomparable et à côté duquel il n’est pas compréhensible qu’un authentique amateur de jazz puisse passer.
Bravo Maestro ! »
Par Thierry QUENUM – COULEURS JAZZ