« Un festival de talents » par Jazz Magazine

Pendant longtemps le jazz a été une affaire d’hommes, les femmes apparaissant dans les orchestres étant essentiellement des chanteuses.  Il y eut quelques instrumentistes comme nous l’a rappelé le coffret « Jazz Ladies – 1924/1962 » déjà publié chez Frémeaux & Associés, mais ce sont surtout les pianistes qui furent les plus nombreuses, les producteurs de l’époque sachant qu’elles pouvaient aussi chanter, la voix étant le chemin le plus sûr vers le succès. Ces trois CD montrent un panorama attrayant de ces pianistes-chanteuses qui ponctuèrent trente ans d’histoire du jazz. Parmi les plus anciennes on retrouve bien sûr Lil Hardin-Armstrong (la femme de Louis), les disciples de Fats Waller comme Cleo Brown et sa voix mutine, Une Mae Carliste (qui s’installa un temps à Paris et joua au Bœuf sur le Toit), Christine Chatman alias « the Boogie Woogie Queen » et d’autres oubliées du jazz business de l’époque. Il y a ensuite ces chanteuses des années 1950 qui étaient légion et dont le label Fresh Sound réédita les disques de certaines d’entre elles. Parmi elles, l’excellente Audrey Morris et aussi Jeri Southern qui commença par accompagner Anita O’Day avant d’être convaincue de chanter par son agent. Enfin, plus prés de nous, celles qu’on connaît le mieux, Aretha Franklin, Blossom Dearie, Shirley Horn ou Nina Simone. Un festival de talents où ces dames nous montrent que la voix était loin d’être leur seul atout.

Par Philippe VINCENT – JAZZ MAGAZINE