L’artiste a une vraie griffe et un univers bien à elle. Le tout sur des mises en musique subtiles.
Les rythmes sont chaloupés, lorgnent vers le Brésil revisité d’un Pierre Barouh, et « portent » la voix d’une belle fluidité et haut perchée de Stéphanie Acquette. L’univers de l’artiste joue sur la corde sensible et dès une chanson comme Chacun pour soi, elle évoque d’une manière simple et directe la tentation de s’alléger sur le chemin de la vie. « Chacun pour soi, chacun pour soi/ Sans s’attacher/ Sans tenir à personne/ Malgré les airs que l’on se donne/ Quand par malheur nos cœurs s’abandonnent. »
Le clip qui l’accompagne à l’écran a été mis en boite dans l’univers de béton et de bitume du Havre, dans lequel deux héroïnes venues de l’espace se livre à une course-poursuite. Un clip coréalisé avec Paul Chauvin et qui se joue de l’esthétique cinématographique des années 60 (Barbarella, Planète interdite…). Évoquant ce tournage, Stéphanie Acquette souligne : « Le Havre me fascine ! Je retourne y tourner car cette ville est un véritable décor de cinéma. Complètement reconstruite après la guerre, dans les années 50, elle fut le terrain de jeu d’architectes avant-gardistes comme Auguste Perret ou Oscar Niemeyer. Aujourd’hui encore, ses lignes uniques baignées de la lumière du front de mer font la joie des architectes et des designers… »
Multi-instrumentiste et bien entourée d’autres croquenotes, l’artiste aime se jouer de thèmes musicaux qui vont du blues (La Source) à des mélodies brésiliennes (Mona) ou encore au jazz, en passant par des musiques plus mélancoliques accompagnant les vers douloureux de Jour Levant, une des plus belles chansons de l’album : « Les éclats de nos rimes/ Le voile tâché de sang/ La fosse au charnier et l’encens. »
Ce disque est aussi une forme de célébration d’un univers cinématographique inspiré par les années passées à la Cinémathèque et dans les salles du quartier latin de cette jeune fille originaire d’un petit village du Nord de la France, et qui s’était initiée à la musique dès l’âge de 8 ans en pratiquant… la cornemuse et les flûtes irlandaises avant de suivre des études cinématographiques à l’université Paris 7. Une artiste qui a poursuivi sa formation musicale d’autodidacte, en débarquant à Paris où elle apprit aussi la guitare et la basse, au contact de musiciens russes et tziganes.
Avec ce premier album revu et corrigé, Stéphanie Acquette prend date. On attend la suite non sans impatience.
François CARDINALI – CHANTS SONGS
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