1959, l’année de très grandes œuvres de Miles Davis, John Coltrane, Ornette Coleman, Charles Mingus… Sans oublier celle de Martial Solal. Confinée à une diffusion française, la « Suite » n’aura pas l’impact de celles des musiciens cités. Pourtant, elle témoigne d’une invention dans l’art de la rupture que le temps n’a pas altérée. Composée soir après soir jusqu’à ce qu’elle trouve sa forme définitive hors de l’impasse thème-improvisations-thème, elle s’ancre à la fois sur les qualités effectives du jazz (swing et quel swing ! -, improvisation, son de groupe spécifique, etc.) tout en faisant évoluer de l’intérieur cette pratique commune (orchestration contrebasse frottée / trompette bouchée, accélération du tempo, fréquents changements de rythmes de base, etc.). En définitive, cette partition constitue une pierre angulaire de cette conception d’une « tradition » in « transition ».
Par L.F. – JAZZ MAGAZINE