« Une lecture chaudement conseillée » par Soul Bag

Considéré à juste titre comme l'un des meilleurs batteurs de jazz classique, Guillaume Nouaux déborde largement ce cadre, ne dédaignant aucune forme ou époque du jazz. On l'a vu ainsi aux côtés de Julien Brunetaud, Chuck Berry et, actuellement, de Nirek Mokar. Avec ce livre, il se révèle pédagogue et historien en remontant aux origines de son instrument de prédilection. C'est bien à La Nouvelle-Orléans, à partir des pièces rythmiques des brass bands (grosse caisse, caisse claire et cymbales), qu'est née la batterie, assemblage de ces éléments, joués par un seul musicien dont les mains avaient été libérées par l'invention de la pédale de grosse caisse ! Je simplifie un processus que Nouaux détaille savamment, tout comme il présente les différents accessoires de la batterie. I| définit aussi les spécificités de jeu mises en œuvre à Nola, avant de passer en revue les « pionniers du rythme à La Nouvelle-Orléans » (ceux qui, nés entre 1865 et 1890, ont commencé dans les brass bands, « excellant à la grosse caisse ou à la caisse claire avant de s'ouvrir aux traps ») puis les « premiers maîtres batteurs de La Nouvelle-Orléans », nés entre 1890 et 1905, car ceux venant ensuite « seront influencés par d'autres sources que celles de son origine à La Nouvelle-Orléans ». Nouaux s'est livré à un travail de recherche minutieux, évoquant la figure d'une cinquantaine de musiciens, assorti de détails biographiques et stylistiques, mais aussi d'anecdotes souvent savoureuses rendant la lecture toujours plaisante. Entre autres, Dee Dee Crawford (initiateur de la pédale de grosse caisse), Louis Cottrell Sr (inventeur du press roll), Minor "Ram" Hall (« précurseur de la batterie rock and roll »), Paul Barbarin et son frère Louis (qui enseigna à Earl Palmer). Sans surprise, Baby Dodds et Zutty Singleton bénéficient d'un traitement de faveur avec un chapitre dédié. Une lecture chaudement conseillée à tous les amateurs de drums, de jazz, de musiques néo-orléanaises... Ça fait du monde !

Jacques Périn – Soul Bag