« A une époque où la tentation est grande, pour les jeunes musiciens, de diffuser d’emblée au public leur propre musique sans prendre le temps de la maturation – et il est vrai que cela ne leur a jamais été aussi facile –, la réédition des œuvres du passé se révèle précieuse. Elle leur permet de mesurer, preuves à l’appui, que le jazz n’est pas né aujourd’hui, ni même hier, et qu’ils s’inscrivent dans un long continuum dont ils ignorent souvent les méandres. Quant aux anciens, ils y redécouvrent, souvent avec émotion, des musiciens et des œuvres enfouis dans leur mémoire. Quand il ne s’agit pas de découvertes pures et simples. Cette manière d’exhumation présente en outre l’intérêt de faire surgir des prises négligées lors de leur enregistrement. Un « coup de neuf » appréciable, propre, parfois, à modifier les perspectives.
Ainsi le succès foudroyant de Ray Charles au début des années 60 se voit-il justifié par l’édition de « Ray Charles Live at Newport 1960 ». Celui que l’on surnomma The Genius y manifeste son sens du blues, du jazz, et sa connaissance des diverses formes de la Great Black Music. Il chante, bien sûr, et sa voix seule justifierait l’écoute de ce disque. Mais il y joue aussi du piano, de l’orgue Hammond et du sax alto, un instrument qu’il délaissa par la suite. Il apparaît incontestablement comme un pionnier du rhythm’n’blues et de la soul. On mesure combien son influence a pu marquer les James Brown, Elvis Presley, Stevie Wonder et autres Aretha Franklin et Marvin Gaye. Sa prestation au festival de Newport, le 2 juillet 1960, permet aussi de se rendre compte que la formation qui l’accompagnait ne manquait pas d’allure. Elle comportait des solistes tout à fait intéressants, bien oubliés depuis, tels le trompettiste Philip Guilbeau, l’altiste Hank Crawford ou le ténor David « Fathead » Newman. Quant au groupe vocal des Raelets, souvent copié, rarement égalé, il ne se contentait pas de faire de la figuration, mais donnait au leader une réplique pertinente, renouvelant avec un talent certain le call and response, procédé souvent utilisé dans le jazz et le gospel. Le répertoire inclut déjà quelques succès impérissablement attachés à l’interprétation de leur auteur, comme What’d I Say dont on retrouve d’autres versions aux côtés de titres devenus, aux aussi, célèbres, Georgia On My Mind d’Hoagy Carmichael, Hallelujah I Love Her So ou des standards de ballades et de blues qu’il transcende littéralement comme le Moanin’ de Bobby Timmons ou Come Rain or Come Shine dans la superbe interprétation du 21 octobre 61 au Palais des Sports de Paris. Car l’album offre, outre la dizaine de morceaux captés au Festival de Newport, d’autres extraits de concerts ou d’émissions de radio des années 60 et 61. Soit l’époque où Ray Charles, à l’apogée de son art, était en train de conquérir un public beaucoup plus large que celui des seuls amateurs de jazz. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE
Ainsi le succès foudroyant de Ray Charles au début des années 60 se voit-il justifié par l’édition de « Ray Charles Live at Newport 1960 ». Celui que l’on surnomma The Genius y manifeste son sens du blues, du jazz, et sa connaissance des diverses formes de la Great Black Music. Il chante, bien sûr, et sa voix seule justifierait l’écoute de ce disque. Mais il y joue aussi du piano, de l’orgue Hammond et du sax alto, un instrument qu’il délaissa par la suite. Il apparaît incontestablement comme un pionnier du rhythm’n’blues et de la soul. On mesure combien son influence a pu marquer les James Brown, Elvis Presley, Stevie Wonder et autres Aretha Franklin et Marvin Gaye. Sa prestation au festival de Newport, le 2 juillet 1960, permet aussi de se rendre compte que la formation qui l’accompagnait ne manquait pas d’allure. Elle comportait des solistes tout à fait intéressants, bien oubliés depuis, tels le trompettiste Philip Guilbeau, l’altiste Hank Crawford ou le ténor David « Fathead » Newman. Quant au groupe vocal des Raelets, souvent copié, rarement égalé, il ne se contentait pas de faire de la figuration, mais donnait au leader une réplique pertinente, renouvelant avec un talent certain le call and response, procédé souvent utilisé dans le jazz et le gospel. Le répertoire inclut déjà quelques succès impérissablement attachés à l’interprétation de leur auteur, comme What’d I Say dont on retrouve d’autres versions aux côtés de titres devenus, aux aussi, célèbres, Georgia On My Mind d’Hoagy Carmichael, Hallelujah I Love Her So ou des standards de ballades et de blues qu’il transcende littéralement comme le Moanin’ de Bobby Timmons ou Come Rain or Come Shine dans la superbe interprétation du 21 octobre 61 au Palais des Sports de Paris. Car l’album offre, outre la dizaine de morceaux captés au Festival de Newport, d’autres extraits de concerts ou d’émissions de radio des années 60 et 61. Soit l’époque où Ray Charles, à l’apogée de son art, était en train de conquérir un public beaucoup plus large que celui des seuls amateurs de jazz. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE