A voir et revoir par Soul Bag

« On ne saurait trop remercier Régine Abadia et Joseph Licidé pour la réalisation de ce “Spirit of Gospel” tant les témoignages musicaux recueillis sont de première main. La volonté des auteurs exprimée dans le livret d’accompagnement est claire : effectuer, sans didactisme ou connotation historique, le portrait de certaines personnalités qui, à côté d’un gospel à la forme plus moderne, continuent, au quotidien, de perpétuer la grande tradition de cette musique. On se promène ainsi de Brooklyn au Mississippi en passant par la Floride, le Texas ou Rochester. Une place de choix est réservée à la “sacred steel”. On se rend compte de façon peut-être encore plus flagrante qu’en disque du véritable prolongement de la voix que procure cette steel guitare quand elle est tenue par Audrey Ghent ou les Campbell Bros.
Même impression de continuité entre chant et instrument avec Eldner Roma Wilson. Dans sa “chapelle-mobile-home” du Mississippi, son harmonica résonne comme une ponctuation au prêche. Le blues de Rice Miller n’est pas très éloigné du gospel de ce révérend qui avait enregistré en son temps pour Arhoolie et dont les premières faces viennent d’être rééditées sur la compilation “Harmonica Blues Vol. 2” publiées aussi chez Frémeaux.
Autre pic avec Jeffrey Newberry, chanteur des Gospel Keynotes de Willie Neal Johnson. Son introduction au classique de Dorothy Love Coates, Lors, you brought me from a mighty long way, où il raconte son retour de l’enfer dans un style “que notre distance cartésienne qualifierait presque d’hystérique” – pour reprendre le langage presque jésuitique de Colette Boillon de la Croix au dos du boîtier – est un parfait exemple de la charge émotionnelle que cette musique est capable de transmettre à son public d’origine.
Le groupe a cappella des Helping Hand Gospel Singers où la chanteuse chicagoane Ethel Holloway fait passer aussi son poids de ferveur, sentiment retrouvé dans les interviews qui s’intercalent avec opportunité avec des parties musicales non coupées pour la plupart. A voir et revoir. » Stéphane Colin – Soul Bag