Un colloque organisé en février 2006 a réuni le philosophe André Comte-Sponville et le sinologue François Julien autour de la question du bonheur. Si le premier s’est attaché à en montrer l’importance dans la pensée occidentale, le second s’est efforcé d’initier son auditoire à une autre tradition de pensée, celle de la Chine, où la question du bonheur n’eut jamais cette prépondérance. Pour l’auteur du Traité du désespoir et de la béatitude, la quête du bonheur, depuis toujours vouée à l’échec, ne peut que céder la place à la jouissance du présent qui suppose qu’on se déprenne de tout espoir. Pour celui de Nourrir sa vie, à l’écart du bonheur, l’expérience chinoise, indifférente à la question qui hante l’Occident, suppose l’absence des notions d’âme et de finalité. Cette confrontation conduit à penser que l’Occident et l’Orient sont peut-être, comme la cage et l’aquarium, aussi loin l’un de l’autre que les vies qu’ils abritent… ou emprisonnent.
Jérôme SERRI – LIRE
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