Dizzy Gillespie : « L’importance majeure de Bud a été telle d’un grand soliste, plutôt que d’un accompagnateur. Il était bien trop indomptable pour ce dernier rôle. » Même au sein de la formation de Cootie Williams ou lorsqu’il côtoie en studio les jeunes gloires du bop (Dexter Gordon, Fats Navarro, J.J. Johnson, Sonny Stitt, Sonny Rollins…), Bud Powell un irréductible soliste dont les interventions virtuoses sont pareilles à des parenthèses de musique qui ne semblent dépendre de rien d’autre que de sa phénoménale imagination. Avec Curley Russell et Max Roach, dès 1947, le pianiste fut le premier, avec Monk, à faire du trio piano-basse-batterie l’espace pianistique par excellence, au sein duquel ses folles ondées pianistiques pouvaient éclore à loisir. Admirablement ponctuées, se déployant dans le temps comme autant d’arcs à la trajectoire parfaitement calculée, ses phrases allient l’implacable science harmonique du be-bop et une limpidité de trait qui s’apparente par sa pureté à un art du souffle. En parcourant les trente-six faces élues par Alain Gerber, on est frappé, enfin, par cette maîtrise de la pulsation et de l’attaque, même sur les tempos les plus haletants, qui fonde cinquante ans du jazz à venir. A écouter (et admirer) en relisant la plaidoyer paru dans le numéro d’octobre de Jazzman. Excellente introduction, cette anthologie ne saurait cependant vous dispenser de connaître tout Bud.
Vincent BESSIÈRES – JAZZMAN
Vincent BESSIÈRES – JAZZMAN