« Exeunt les Gigolos. Voici la tortue rose, Pink Turtle. L’esthétique a un peu changé, mais la dynamique est la même. Ceux qu’ont ravis les batailles homériques entre la trompette de Michel Bonnet et le trombone de Patrick Bacqueville, ou le piano chauffé à blanc et qui s’enflamme de Jean-Marc Montaut, à l’époque des Gigolos, sont enthousiasmés par cette Pink Turtle qui swingue sur des thèmes pop en les arrangeant à leur sauce. Sur ce troisième opus, on trouve toujours cette qualité des voix (Bacqueville et le guitariste-banjoïste Christophe Davot), cette mise en place des chœurs (Bonnet, le contrebassiste Laurent Vanhée et Pilou Cas, le sax-clarinette-flûtiste), et cette finesse musicale qui enchantent le mélomane. Exemple : prenez Day Dream, le tube de Wallace Collection que Claude François a francisé (d’autres disent « massacré ») en Rêverie. C’est construit sur la fin du Lac des Cygnes de Pierre Ilitch Tchaikovsky. Que fait la tortue rose ? Elle attaque par le début du Lac des Cygnes, part en swing des années trente, refile un chorus de batterie à Stéphane Roger qui vient directement du Blues March d’Art Blakey, et ainsi de suite. Et tout est de la même veine. C’est du pur velours. C’est magique, de clins d’œil en citations, d’adaptations en variations, c’est du jazz, et, en même temps, c’est un spectacle, c’est de la pop, c’est de la franche rigolade. Comme il y a aussi un big band, on ne s’étonnera pas d’y trouver les meilleurs, Gilles Berthenet, Jérôme Etcheberry et François Biensan aux trompettes, Pierre Guicquéro et Jean-Claude Onesta aux trombones, Philippe Chagne, Didier Desbois, Nicolas Montier et Aurélie Tropez aux saxes, sous la direction de Marc Richard, car jouer avec Pink Turtle est une récompense. Et, pour le public, écouter ce qu’ils font avec les Beatles, Stevie Wonder ou Bob Marley est une friandise. »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG