"La P'tite Ceinture sort chez Frémeaux. Deux Verbeke pour le prix d'un, dopés par l'énergie du désespoir et par une formidable émulation filio-paternelle. La paire de Verbeke signe un enfer pavé de tueries, où la pénombre épaisse des non-dits le dispute à la rage de casser le bocal. Leur 'Catfish Blues' surclasse toutes les versions enregistrées auparavant. Parole ! Pareil pour ce 'Let me Go Home Whisky' d'outre-tombe, vraiment flippant, comme une épitaphe qu'aurait gravée Fats Domino, la nuit où il fut visité par Freddy Krueger ! Eh, les gars, qu'est-ce qui vous prend ? Je ne savais pas qu'il y avait autant de vitamines dans la vache enragée !
Le petit segment dynastique rassemble ses gènes dans un exercice où l'un et l'autre excellent : la chanson française américaine, tellement française et tellement américaine qu'elle n'est plus vraiment l'une ni tout à fait l'autre, devenue un genre en soi, un exotisme vernaculaire, rock'n'roll franco-louisianais vaguement folk, tissé de slides subreptices, de trémolos d'ampli, de graves arpèges et de grasses respirations d'harmonica. Deux chants qui sont le jour et la nuit, le fils : voix juvénile, un peu affectée, le père : caverne chantante, voix de rogomme qui grince sur les virgules mélodiques. Steve sort de sa gaufrette des nuées ardentes, des plans de washboard, d'orgue, de lead guitar, de trompette bouchée, des accords musclés d'accordéon… et même des riffs d'harmo ! Patrick, guitariste de proue noueux et mesuré, s'effaçant derrière ses superbes accompagnements pour laisser briller son héritier, comme un qui règle sa succession lors d'un conseil de famille. Fusion culturelle, générationnelle… et métabolique aussi. Les deux titres en tombé de rideau sont éloquents : la bonhomie country de ‘Ragtime Blues’ et ‘Let Me Go Home Whisky’, oraison funèbre enchaînant avec la force et la lenteur dévorante d'un glacier en mouvement. Cet album vibre de toutes ses tôles, comme un compresseur en surtension. C'est le meilleur de l'un et de l'autre."
par Christian CASONI - BLUES AGAIN
Le petit segment dynastique rassemble ses gènes dans un exercice où l'un et l'autre excellent : la chanson française américaine, tellement française et tellement américaine qu'elle n'est plus vraiment l'une ni tout à fait l'autre, devenue un genre en soi, un exotisme vernaculaire, rock'n'roll franco-louisianais vaguement folk, tissé de slides subreptices, de trémolos d'ampli, de graves arpèges et de grasses respirations d'harmonica. Deux chants qui sont le jour et la nuit, le fils : voix juvénile, un peu affectée, le père : caverne chantante, voix de rogomme qui grince sur les virgules mélodiques. Steve sort de sa gaufrette des nuées ardentes, des plans de washboard, d'orgue, de lead guitar, de trompette bouchée, des accords musclés d'accordéon… et même des riffs d'harmo ! Patrick, guitariste de proue noueux et mesuré, s'effaçant derrière ses superbes accompagnements pour laisser briller son héritier, comme un qui règle sa succession lors d'un conseil de famille. Fusion culturelle, générationnelle… et métabolique aussi. Les deux titres en tombé de rideau sont éloquents : la bonhomie country de ‘Ragtime Blues’ et ‘Let Me Go Home Whisky’, oraison funèbre enchaînant avec la force et la lenteur dévorante d'un glacier en mouvement. Cet album vibre de toutes ses tôles, comme un compresseur en surtension. C'est le meilleur de l'un et de l'autre."
par Christian CASONI - BLUES AGAIN