« Ce n’est certes pas du jazz, c’est même le contraire. Pourtant, cette collection hallucinante de titres traitant des cowboys québécois intéressera le curieux non frileux qui cherche à savoir ce qui se faisait en chanson populaire à l’époque où le jazz tenait le haut du pavé de la musique non savante. ... » Michel BEDIN – JAZZ HOT
« Ce n’est certes pas du jazz, c’est même le contraire. Pourtant, cette collection hallucinante de titres traitant des cowboys québécois intéressera le curieux non frileux qui cherche à savoir ce qui se faisait en chanson populaire à l’époque où le jazz tenait le haut du pavé de la musique non savante. D’abord dissipons un malentendu, toutes les chansons, à l’exception de huit, datent de l’après-guerre. Parmi les huit pré-citées,
"Les Belles-mères" que Mary Bolduc et André "Zézé" Carmel reprennent de
"Red River Valley" (le fameux
"Elles descendent la montagne à cheval" que nous avons tous fredonné, enfants). Parmi elles aussi, deux chansons américaines en anglais et leurs deux "traductions", au son très fatigué,
"Il a tant plu" et
"La Chanson du prisonnier" (ce sont celles qui datent des années vingt). Qu’en est-il des autres ? Ce sont des chansons aux paroles simples, pour ne pas dire simplistes, des mélodies minimales, qui essaient de mettre en valeur un métier ordinaire (gardien de vaches), dans l’optique du mythe du grand rêve hollywoodien des cow-boys. Ces chansons semblent bricolées par des amateurs, rimes à l’emporte-pièce, liaisons mal-t-à-propos (
"Je me mets-t-à",
"Je parcour(s)e"). On sent bien qu’il s’agit d’expression spontanée, rustique, mal dégrossie. Et c’est précisément ce qui est attachant. Cela dit, on s’en remet. Le genre rappelle
"Dans les plaines du Far-West" que chantait Yves Montand, avec des yoddles qui viennent tout droit de la musique bavaroise. A la même époque, jouaient Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Duke Ellington, Django Reinhardt. C’est à peine crédible, sauf si l’on se souvient que chantait chez nous Berthe Sylva. » Michel BEDIN – JAZZ HOT