Ce que fut Godard au cinéma ou Duras à la littérature par Le Figaro

« Ce que fut Godard au cinéma ou Duras à la littérature, Pierre Barouh le fut pour la chanson en cédant la parole à des dizaines d’interprètes poursuivant l’économie de moyens et un métissage d’avant la lettre. Deuxième compilation de son étiquette Saravah en 35 ans, celle-ci s’ouvre sur les passions de son fondateur pour le Brésil pour ensuite couvrir assez abondamment les superbes frasques intimistes du trio Higelin-Areski-Fontaine. Elle rappelle que quelques-unes des valeurs sûres telles que Mauranne et Françoise Hardy firent des débuts modestes chez Saravah, que Jean-Roger Caussimon y consuma ses plus belles années en quarante chansons splendides, que Carole Laure (Lullaby) et Philippe Léotard (Ch’te play plus) y connurent un succès très passager et que les chuchotements de David McNeil, fils de Chagall, y tombèrent malheureusement dans l’oubli. Après des années à ne rien faire, comme le dit la devise de l’entreprise, les années 2000 assistèrent à un retour en vogue de l’étiquette, sérieusement reprise en main par son propriétaire. Ainsi les présences de Bia, de Françoise Kucheida, chanteuse réaliste sortie tout droit des années 40, de Fred Poulet loubard (suprêmement intelligent), témoignent, tout comme le classicisme d’Eric Guilleton et la très complexe poésie de Gérard Ansaloni, d’une intense vitalité retrouvée. Il n’y a, dans ce joli coffret accompagné d’un livret de 40 pages, aucune perte. Que des chansons conjuguées au presque parfait du qualitatif, passé et présent. » Le Figaro