« Celui par qui tout est arrivé » par Juke Box Magazine

Artiste majeur du XXe siècle, Louis Armstrong est la figure incontournable du jazz, celui par qui tout est arrivé. Connu universellement, il en est la fondation pendant 50 ans et son meilleur ambassadeur grâce à ses nombreuses tournées et apparitions dans plusieurs films. Entre Louis et la France, c’est une histoire d’amour, qui commence les 9 et 10 novembre 1934 lors de concert mémorables à Pleyel. De septembre 1934 à février 1935, il loge rue de la Tour d’Auvergne dans un appartement que lui a trouvé Jacques Canetti et a ses habitudes chez Bricktop’s, célèbre club de Pigalle. Après la guerre, il revient à Paris en 1948 puis en 1955. Ses concerts provoquent des émeutes et il reprend « La vie en rose » d’Edith Piaf. Ce spectacle capté à l’Olympia le 24 avril 1962, produit par Daniel Filipacchi et Franck Ténot, est enregistré par Europe n°1. Il est accompagné par ses fidèles Trummy Young (trombone), Joe Darensbourg (clarinette), Billy Kyle (piano), Bill Cronk (basse) et le super batteur Danny Barcelona. Gérant son patrimoine et sa renommée, il joue tous les standards qui ont bâti sa réputation : « When It’s Sleepy Time Down South » (une magnifique entrée en matière qui évoque avec poésie la Nouvelle Orléans et ses origines), « Indiana », prétexte à de magnifiques solos où son jeu à la trompette fait autorité, l’emblématique « Tiger Rag » qui plonge dans les roaring twenties, « Strutting’ With Some Barbecue », l’émouvant gospel « Nobody Knows The Trouble I’ve Seen », « Saint Louis Blues », « After You’ve Gone » et, plus surprenant mais logique, « My Bucket’s Got A Hole In It » de Hank Williams, qui rappelle qu’il a joué avec le pionnier de la country Jimmie Rodgers et qu’il sera, dans quelques années, l’invité du Johnny Cash Show. Il conclut sans surprise par « Mack The Knife » de Kurt Weil et Bertold Bretcht que rien au départ ne destinait à devenir un classique du jazz, mais qu’il s’approprie pour en faire un monument de swing repris à la même époque par… Vince Taylor à Age Tendre & Tête de Bois. Le son est nickel et plonge avec délice dans le passé révolu. Tony MARLOW – JUKE BOX MAGAZINE