"Après l’intégrale Django Reinhardt (20 tomes), celle de Louis Armstrong (en cours, déjà 9 parus), voici l’intégrale Charlie Parker. Chez Frémeaux, décidément on aime les entreprises audacieuses. Le premier volume regroupe, sur 3 CDs, l’enfance d’un chef : Charlie Parker de 1940 (il a vingt ans) à 1945 et l’on devine déjà la dimension du personnage.
Sur le premier CD, qui débute par un enregistrement privé d’un solo de sax alto à Kansas City, le jeune Charlie mêle Honeysuckle Rose et Body and Soul pour en faire un « Honey & Body », une manière de montrer qui il est et ce qu’il connaît. Et cela croît et embellit avec l’orchestre de Jay McShann. Dans ce très bon orchestre, il se fait entendre et sa façon de jouer, son phrasé, tout en volubilité et en apparente facilité, nécessitent de sacrées qualités, qu’il possède, de souffle et de générosité. Que soit sur les ondes d’une radio de Wichita (Kansas) à Dallas (Texas) ou au Savoy Ballroom de New York, il joue comme un furieux et toujours en-dehors des clous.
Sur deuxième CD, c’est la rencontre avec les autres grands qui cherchent, les Dizzy Gillespie, Oscar Pettiford, Tiny Grimes, Trummy Young ou autres Don Byas, et qui trouvent. Le bop est là. Place aux boppeurs. C’est aussi l’époque des essais dangereux pour la santé. Foncer à cent à l’heure, pour beaucoup de musiciens de cette période, c’est aussi abuser des « substances illicites », comme on dit dans la police. Charlie Parker, dès l’âge de vingt ans, est déjà héroïnomane. Ce n’est pas le bebop qui va le désintoxiquer. On sent chez ce saxophoniste hors pair, déjà, une envie de foncer, de se donner à fond à la musique, de se noyer dedans. On comprend mieux l’étonnante réflexion de Teddy Reig : « C’était la première fois qu’on gravait un disque avec un hystérique. »
La troisième galette, en dépit de quatre plages difficiles à écouter, vu leur qualité sonore (mais indispensables historiquement) est presque celle de la plénitude. Déjà tout est en place, le Charlie Parker que l’on connaît est arrivé. Enregistrements démentiels avec Dizzy Gillespie, avec Sarah Vaughan, avec comme acolytes Trummy Young (tb), Don Byas (ts), Cootie Williams (tp), Slam Stewart (b), Cozy Cole (dm), Sidney Catlett (dm), Max Roach (dm), Tadd Dameron (p), comme si la présence de ce jeune saxo alto les aimantaient."
par Michel BEDIN - ON-MAG
Sur le premier CD, qui débute par un enregistrement privé d’un solo de sax alto à Kansas City, le jeune Charlie mêle Honeysuckle Rose et Body and Soul pour en faire un « Honey & Body », une manière de montrer qui il est et ce qu’il connaît. Et cela croît et embellit avec l’orchestre de Jay McShann. Dans ce très bon orchestre, il se fait entendre et sa façon de jouer, son phrasé, tout en volubilité et en apparente facilité, nécessitent de sacrées qualités, qu’il possède, de souffle et de générosité. Que soit sur les ondes d’une radio de Wichita (Kansas) à Dallas (Texas) ou au Savoy Ballroom de New York, il joue comme un furieux et toujours en-dehors des clous.
Sur deuxième CD, c’est la rencontre avec les autres grands qui cherchent, les Dizzy Gillespie, Oscar Pettiford, Tiny Grimes, Trummy Young ou autres Don Byas, et qui trouvent. Le bop est là. Place aux boppeurs. C’est aussi l’époque des essais dangereux pour la santé. Foncer à cent à l’heure, pour beaucoup de musiciens de cette période, c’est aussi abuser des « substances illicites », comme on dit dans la police. Charlie Parker, dès l’âge de vingt ans, est déjà héroïnomane. Ce n’est pas le bebop qui va le désintoxiquer. On sent chez ce saxophoniste hors pair, déjà, une envie de foncer, de se donner à fond à la musique, de se noyer dedans. On comprend mieux l’étonnante réflexion de Teddy Reig : « C’était la première fois qu’on gravait un disque avec un hystérique. »
La troisième galette, en dépit de quatre plages difficiles à écouter, vu leur qualité sonore (mais indispensables historiquement) est presque celle de la plénitude. Déjà tout est en place, le Charlie Parker que l’on connaît est arrivé. Enregistrements démentiels avec Dizzy Gillespie, avec Sarah Vaughan, avec comme acolytes Trummy Young (tb), Don Byas (ts), Cootie Williams (tp), Slam Stewart (b), Cozy Cole (dm), Sidney Catlett (dm), Max Roach (dm), Tadd Dameron (p), comme si la présence de ce jeune saxo alto les aimantaient."
par Michel BEDIN - ON-MAG