« Héritier d’une longue tradition familiale, Marcel Loeffler lève le voile sur « Secrets », un nouvel album d’obédience manouche mais pas seulement… Il existait d’autres cachettes dans son accordéon. Dans la famille Loeffler, voici revenir Marcel. Accordéoniste de premier ordre. Un magicien au doigté virtuose. Il ne faut guère s’étonner qu’il porte le même prénom qu’un certain Azzola. Avec Secrets, le musicien d’Haguenau sort un disque d’une belle densité, d’une remarquable variété et d’une formidable musicalité. Certes, Marcel Loeffler ne saurait s’affranchir totalement de l’héritage jazz manouche qui se transmet d’une génération à l’autre. Son père guitariste ne lui a-t-il pas enseigné les rudiments dès le plus jeune âge ? Cette fois, c’est son fils Cédric qui l’accompagne à la guitare. La boucle se boucle… Alors, partons à la découverte de ces secrets qui ne sont pas seulement « de famille », mais cachés jusque dans le soufflet d’un piano à bretelles solidement arrimé aux épaules de Marcel Loeffler. Un accordéon de marque Gadji, « pour donner un son chaud et profond, proche de Gus Viseur », un pionnier de l’accordéon jazz souvent cité par l’orfèvre bas-rhinois. Curieux de nature, Marcel Loeffler s’autorise l’adaptation de deux valses. La première signée Chopin prend de charmants accents musette. La seconde, Waltz for Debby, est empruntée au pianiste jazz Bill Evans. Véloce, Marcel Loeffler s’enflamme sur la relecture d’une pièce baroque, le Solfeggietto de Carl Emmanuel Bach. Son accordéon se fait plus langoureux sur la reprise de Teresa de Jaco Pastorius, un autre monument du jazz moderne. Il paie son tribut à Astor Piazzolla sur Oblivion, ainsi qu’à la chanson française en s’offrant Si tu savais de George Ulmer, adapté en son temps par Django Reinhardt. La Chambre Bleue, une composition du contrebassiste Gautier Laurent et Englo, délicate pièce versée au dossier par le fils, Cédric Loeffler, contribuent à tout l’intérêt de ces Secrets. Marcel signant en personne trois titres de haute volée : Session qui ouvre le bal sur un thème entraînant, Fugue Tempérée où l’accordéoniste s’autorise une jolie parenthèse classique et Amours Secrets, dont la progression et le motif atteignent des sommets de beauté. Chapeau bas. »
Par Thierry BOILLOT – L’ALSACE
Par Thierry BOILLOT – L’ALSACE