The chase, Stolen sweets, Vibes'boogie/Gaby's gabbin', Bottoms up, Sweet Panther, Robbins' nest, Whirly bird, Nuages, Tempo's birthday, Fanfreluche, Seven come eleven, After hours, Toute la pluie tombe sur moi (Raindrops keep fallin'on my head), Body and soul.
La sortie officielle de ce CD, tout dernièrement enregistré, a eu lieu le 1" décembre 2022 au Caveau de la Huchette. Produit par Dany Doriz et édité par l'excellente maison Frémeaux et Associés avec laquelle il collabore depuis 2014-ce qui nous a notamment valu la réalisation de deux indispen- sables coffrets : L'Anthologie / Caveau de la Huchette 1965-2007 et Dany Doriz - Anthologie All Stars 1962-2021-ce disque est, disons-le d'emblée, une totale réussite !Voici un an environ que Dany Doriz (vibraphone) et son fils Didier (batterie), Michel Pastre (saxophone- ténor) et son fils César (orgue), ont formé ce quartet qui s'est depuis régulièrement produit au Caveau de la Huchette. Le président François Desbrosses et moi avons eu la chance d'assister à plusieurs de ces soirées et, dès le début, nous avons été conquis. Bien que déjà exceptionnel lors de ses premières apparitions, ce quartet a ensuite encore gagné en cohésion ; n'oublions pas qu'il jouait pour le plus difficile des publics, celui des danseurs pour eux, il faut trouver les bons tempos et apporter la diversité et l'invention voulues pour impulser et soutenir leurs évolutions, souvent pendant une dizaine de minutes pour les morceaux en tempo vif. Et puisqu'il est fait référence à la danse, gageons que ces Fathers and Sons auraient parfaitement tenu leur place au fameux Savoy de Harlem d'ailleurs, si la musique est si enthousiasmante, c'est qu'elle sonne exactement comme si elle avait été enregistrée en live, pour la danse, au Caveau de la Huchette.Tout touche vraiment à la perfection pour ce premier-né des Fathers and Sons. On ne peut pas rêver meilleure entente entre les musiciens, non plus que des solos davantage inspirés, expressifs, tout coule de source, au plus haut niveau. Miracle, l'enregistrement est digne de l'événement, restituant la chaleur, la dynamique du jeu des musiciens, avec un admirable équilibre entre les quatre instruments et une étonnante fidélité dans leur restitution. Alors que cela n'est pas toujours le cas, ici on ne perd pas le moindre détail du volume et de la couleur de chacune des "vibrations" des lamelles du vibraphone de Dany Doriz, ici on ne manque pas une nuance de la sonorité si riche, si personnelle aussi, du saxophone de Michel Pastre, ici encore on peut apprécier la variété et la puissance du jeu d'orgue de César Pastre (Wild Bill Davis est l'une de ses principales influences), ainsi que de celui de Didier Dorise, remarquable technicien, swingman au volume impressionnant (pas étonnant, son modèle est Sam Woodyard!).De Dany Doriz, bien sûr, on peut rappeler qu'il est l'émule le plus doué de Lionel Hampton, mais il faut aussi se souvenir que, dès ses premiers enregistrements, les amateurs ont pu découvrir qu'il avait en réalité son style propre, un atout qu'il n'a cessé de développer au fil des années. Il est aussi un véritable chef d'orchestre, un catalyseur sachant choisir les musiciens et les répertoires les mieux adaptés à chacun de ses projets. Michel Pastre a sa place dans la lignée des grands saxophonistes-ténor français (Combelle, Lafitte, Chanson, Badini...). Son phrasé, sa sonorité, témoignent de l'écoute attentive de différents maîtres de l'instrument, l'école Hawkins/Webster, mais aussi celle de Lester Young, puis, parmi leurs successeurs qui, comme lui, ont puisé aux deux sources, Illinois Jacquet en particulier. Lui aussi est bien loin d'être un simple imitateur, il possède une forte individualité qui se manifeste notamment par une inventivité peu commune.Le répertoire choisi pour ce disque est le reflet des caractéristiques et influences propres au groupe. Soulignons à nouveau, car c'est essentiel, que le swing en est l'élément moteur, ainsi que le souci des belles mélodies. Hampton y est représenté avec Vibes boogie/Gabby's gabbin', Tempo's birthday et The chase, Jacquet avec Bottoms up et Robbins'nest, Wild Bill Davis avec Stolen Sweets, Count Basie avec Whirly Bird quelques standards sont également présents (Body and soul, Nuages, After hours...), ainsi qu'un thème grand public de Stevie Wonder, Isn't she lovely, et deux compositions originales, l'une de Dany Doriz, Fanfreluche, épatant thème-riff sur tempo medium, ça balance !... l'autre de Michel Pastre, Sweet Panther, belle ballade pleine d'émotion, jouée avec retenue. Tout étant de grande classe dans ce CD, il est inutile de faire une analyse détail- lée de tel ou tel morceau ou solo, ni d'en dire plus. Un coup de maître pour les Fathers and Sons que vous pourrez entendre en longue durée (trois sets!) lorsqu'ils jouent pour la danse au Caveau de la Huchette. Allez les écouter, procurez-vous leur disque, vous ne serez pas déçus.
Par François ABON – BULLETIN DU HCF 705