Quand Johnny Hallyday enregistre « Quelques Cris » (1999), certains s’étonnent que le texte soit de la romancière Françoise Sagan. C’est mal connaître le parcours de cet auteur. Françoise Quoirez dite Sagan (1935-2004) arrive en trombe dans le milieu littéraire en 1954 avec son premier roman, « Bonjour Tristesse », Pilier des nuits germanopratines, elle rencontre Michel Magne (1930-1984). Ils écrivent des chansons pour leur amie Annabel (pas encore Buffet), vite suivie de Juliette Gréco, Mouloudji… Renée Caron, future épouse de Fernand Raynaud, est la première à enregistrer un titre signé par le tandem, « Sans vous Aimer » (Philips, 1956). La même année, le morceau figure dans le EP « Juliette Gréco Chante Françoise Sagan » orchestré par Michel Magne. Toujours chez Philips, sort « Mouloudji Chante Françoise Sagan ». Chez Barclay, accompagné par Wal Berg, Eddie Constantine opte pour « La Valse » et « Vous Mon Cœur ». Un 25 cm (Versailles, 1957) fait entendre Annabel en face A, Françoise Sagan récitant ses paroles en face B sur un fond orchestral. Pour le film « Aimez-Vous Brahms ? » (1960), adapté de son roman, elle écrit « Quand Tu Dors Près De Moi » sur une musique de Georges Auric s’inspirant de Johannes Brahms (thème de la « Symphonie N°3 » dont Serge Gainsbourg fera « Baby Alone In Babylone »). Le résultat connaît plusieurs interprètes. Anthony Perkins, Dalida (entendus ici), Yves Montand, Mathé Altéry… Diahann Carroll en crée l’adaptation américaine, « Goodbye Again ». Pour le 25 cm « Surprise-Partie Chez Françoise Sagan » (Fontana 1957), Michel Magne réalise six versions instrumentales de leurs morceaux communs. Ils conçoivent un ballet, « Rendez-Vous Manqué » avec Noëlle Adam, décors de Bernard Buffet, produit par Roger Vadim (janvier 1958). Toute cette incursion de Françoise Sagan dans le monde de la musique fait l’objet de ce CD double (47 plages, livret 16 p. français/anglais). Il n’en sort aucun véritable standard, mais de nombreuses chansons troussées avec intelligence qui méritent d’être redécouvertes.
Par Jean-William THOURY – JUKE BOX
Par Jean-William THOURY – JUKE BOX