« Bernard Dimey dominait la musique des mots. Rivière à tout moment disponible, son esprit courait sur des papiers de toutes sortes afin de rédiger le texte d'une chanson. Le bonhomme a d'abord désiré devenir écrivain, mais le succès de ses ritournelles a tôt fait de modifier son destin. Qu’à cela ne tienne, il a bâti sa vie sur la fantaisie, décidant par exemple à trois heures du matinde quitter Paris pour La Rochelle, en mobylette. L’époque était à l’insouciance et les platanes souvent regrettaient leur maladresse. Au fil des ans les compositeurs ont choisi d’inventer par eux-mêmes leurs paroles. Ainsi s’est évanoui le nom de celui qui dessinait le costume à quatre épingles des chanteurs, une robe titi chic aux chanteuses. L’anthologie qui hommage à Bernard Dimey révèle un univers de l’entre deux : le conformisme des années cinquante n’a plus sa raison d’être et la dérision n’a pas encore établi son lit de camp. L’humour donne un habit de lumière à l’endurance, un courage quotidien face à la grisaille. Un délice. Impossible de citer tous les compositeurs qui l’ont accompagné. Francis Lai se taille ici la part du lion- de lui, bien entendu, nous reparlerons bientôt. Paul Misraki a conçu Madame la marquise a dit, cette merveille chantée par Les Frères Jacques; Aznavour a signé de nombreuses partitions. Les interprètes offrent leur tempérament, ce déséquilibre miraculeux des harmonies qui permet d’accorder les instruments. Jacqueline Danno, Zizi Jeanmaire ou Mouloudji, faites votre choix. Le billettiste aujourd’huine peut en dire davantage: il est des formes de malheur que nulle chanson ne saurait apaiser. Le bonheur est là, glissé dans les refrains comme un baiser de satin. »
Par Frederick CASADESUS - MEDIAPART
Par Frederick CASADESUS - MEDIAPART