"Depuis la fin des années 60. Yochk’o Seffer a déversé sur le jazz français un grand souffle d’aventure qui en a fait onduler bien des ramures. Original, inclassable, les succès publics ne lui ont pas manqué ; pourtant la réputation, la reconnaissance dont il jouit ne semblent à la mesure ni de son talent, ni du rôle qu’il a effectivement joué" Denis-Constant MARTIN – JAZZ MAGAZINE. A reçu la distinction Disque d’émoi
« Depuis la fin des années 60. Yochk’o Seffer a déversé sur le jazz français un grand souffle d’aventure qui en a fait onduler bien des ramures. Original, inclassable, les succès publics ne lui ont pas manqué ; pourtant la réputation, la reconnaissance dont il jouit ne semblent à la mesure ni de son talent, ni du rôle qu’il a effectivement joué. Seffer exprime d’abord une énergie musicale hors du commun ; elle ne résume pas son art mais elle en est le moteur. Et elle s’entend ! Dans l’orchestre de Claude Cagnasso, au début des années 70, il couvrait les autres membres de la section de saxes ; dans les groupes électriques qu’il a fréquentés ou animés, il n’a eu aucun mal à s’imposer : le souffle est là qui permet tous les phrasés, des plus délicats aux plus cataclysmiques, des plus hachés aux plus liés, du sopranino au saxo basse. Par ce souffle, acquis dès l’enfance grâce à un enseignement musical très complet, mêlant pratiques populaires et cours académiques, en Hongrie puis en France (auprès notamment, de Marcel Mule), l’instrumentaliste se signale hors pair. Mais ce souffle physique n’est que l’indice d’une passion ; passion à deux versants complémentaires, en fait. D’un côté, de l’aventure, la volonté de découverte qui l’ont mené du jazz coltranien au free, des musiques traditionnelles magyares aux formes contemporaines, de l’acoustique le plus pur aux jeux de l’amplification puis de l’électro-acoustique, du groupe canonique à l’association avec cordes et voix. De l’autre, le perfectionnisme qui, en chaque temps d’émerveillement conduisant à l’innovation, enjoint de ne rien négliger, de tout travailler dans le détail afin que le résultat soit parfait, digne d’être offert à un auditoire respecté. L’aventure perfectionniste a nourri une production diverse : hommage à Monk, duo avec Ornette Coleman, complicité avec Barre Phillips et Barry Altschul, première line de Perception avec Didier Levallet, Siegfried Kessler et Jean-My Truong, participation à Magma, création de Zao , retrouvailles avec des musiciens hongrois (dont le magnifique pianiste Béla Lakatos) ; soit, du jazz-rock à la musique improvisée, en passant par la tradition et la modernité européennes, le tout jamais très loin de l’univers sonore hongrois. C’est cette diversité, au fil de quoi se construit pour l’auditeur une véritable personnalité, à diverses facettes certes mais sans dispersion ni reniement du retour en arrière, que cette « rétrospective » donne à aimer. Car même si je préfère Yochk’o jouant Monk avec Kessler ou Phillips et Altschul, même si je garde un souvenir précieux de Perception, ici ravivé par un enregistrement tardif, je ne peux rester insensible à Zao, ni aux explorations électroniques conduites de conserve avec Dominique Bertram ou Thierry Maillard. Peut-être, au fond, parce qu’au-delà de la maîtrise absolue de tous les saxes, de la culture musicale et de l’intelligence harmonique, ce qui domine chez Seffer c’est une étonnante sensibilité rythmique qui lui permet d’échapper aux emprisonnements binaires comme aux lourdeurs encordées : quel que soit l’environnement sonore, il l’enrichit par des systèmes d’opposition dynamisants. Opposition de phrasé en notes détachées, presque aucune accentuée, et de plages en valeurs longues jouées par les cordes sur un fond de scansion percutée de manière très mobile ; décalages et tuilés de phrases en valeurs longues au sax et aux instruments d’accompagnement ; déboulés vifs et puissants évoluant librement au-dessus d’une rythmique régulière ; on n’en finirait pas de recenser les procédés qui témoignent et de la science et de la passion mise à donner plénitude au produit sonore. Ces disques viennent justement rappeler que Yochk’o Seffer est, aujourd’hui encore, une des personnalités les plus attachantes et stimulantes du jazz français. » Denis-Constant MARTIN – JAZZ MAGAZINE. A reçu la distinction Disque d’émoi
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