« Nihil novi sub sole, concernant Elvis, allez-vous dire en ne voyant ni inédits, ni prises alternatives, ni passages publics nouveaux de la période sur ce coffret 3 CD. Mais là n’est pas l’objet de la parution, au titre fort explicite. Il est, d’ailleurs, souligné par un excellent livret de Bruno Blum, très bien argumenté sur la réfutation du fait qu’Elvis aurait tout pompé aux Noirs, l’apport décisif de la guitare de Scotty Moore et de la contrebasse slappée de Bill Black, la différence entre rockabilly et rock and roll, très bien documenté sur le Tennessee en 1954/ 1955 et les débuts de Sam Phillips. En revanche, et bizarrement, la période pré-Sun d’Elvis, ses aspirations à devenir chanteur de gospel ou de variété (celle-ci sera comblée plus tard), sa tentative d’intégrer le groupe d’Eddie Bond, les acétates Sun, sont occultés, alors qu’ils sont essentiels dans son parcours musical. Il ne s’agit pas d’une intégrale de la période, comme la Complete 50’s Masters, mais d’un tri sélectif du compilateur. Les morceaux sélectionnés sont précédés (sauf pour les quelques originaux) par leur(s) version(s) originale(s), ce qui évite d’avoir à jongler avec vinyles et CD pour juger facilement des transformations apportées. Ceci permet de s’en remémomer certaines, voire d’en découvrir ou réentendre quelques-unes oubliées : Billy Eckstine et Blue moon, Jimmy Wakely et 'I’ll never let you go', Patti Page et 'I don’t care if the sun don’t shine', les Shelton Brothers et 'Just because' et 'Aura Lea' (qui devint, avec de nouvelles paroles, Love me tender), Hal Singer et 'Rock around the clock' (pas celui de Bill Haley, mais celui dont une phrase inspira l’intro de Blue suede shoes à Carl Perkins), Slim & Slam et 'Tutti frutti' (la mélodie de Little Richard en est quand même très éloignée). Du beau travail, comme d’habitude chez Frémeaux, avec photo pochette couleurs en public, peut-être pas indispensable, mais éminemment intéressant. Si les maquettes des titres présentés par la suite à Elvis pour certains de ses titres ultérieurs pouvaient voir le jour sur les futurs coffrets, ce serait super. Croisons les doigts.»
Par Bernard BOYAT - LE CRIS DU COYOTE
Par Bernard BOYAT - LE CRIS DU COYOTE