Salvador ? Il a ses admirateurs parmi les jazzfans, aussi des détracteurs, plus tous ceux qui s’en foutent. Le premier CD de ce quatrième chapitre fournit beaucoup d’arguments aux premiers, à commencer par la séance « Henri Salvador chante le blues » du 18 avril 1956 où il scatte sur les standards en s’accompagnant à la guitare, avec Pierre Michelot (b) et Mac Kak (dm), et dont le rééditeur, Daniel Nevers, nous restitue trois test pressings rares dont un « You Go to My Head », pièce à conviction de son talent d’improvisateur en accords, héritier d’Al Casey. La séance du mois suivant avec le big band de René Nicolas comprend notamment « Quand je monte chez toi », merveille de swing. En juin, il est en studio sous le nom d’Henry Cording and his Original Rock and Roll Boys (l’orchestre de Michel Legrand avec notamment Michelot, Mac Kak et, en ténor hurleur, Pierre Gossez) pour quatre rock parodiques bien connus (« Rock and Rolls Mops, Va t’faire cuire un œuf, Man !, etc. »). Au printemps 1957, Salvador joue la carte du calypso (dont le merveilleux « Oh ! Si y avait pas ton père » signé Boris Vian, gâché par les excès parodiques de Salvador), puis « chante pour les amoureux » accompagné d’André Popp, avec le fameux « T’es à peindre (toujours Vian). Parmi d’anecdotiques raretés, le deuxième CD livre les classiques de février 1958 entre charme et calypso (« Dans mon île, Mathilda, Mazurka pour ma mie ») et une séance dixieland plus rare dont les paroles vaudront le détour des fans de Vian (« J’ai vingt ans, Le Taxi, Le Cinglé de la grosse caisse, Le Fêtard »).
Par Alfred SORDOILLET – JAZZMAG-JAZZMAN
Par Alfred SORDOILLET – JAZZMAG-JAZZMAN