« «Chansons Sans Gêne», évocation d'un monstre sacré de la Belle Epoque, féministe de la première heure et précurseure de la chanson française moderne. Chansons sans gêne. Dans ce recueil de textes destinés à être chantés, le parolier montmartrois Xanrof, de son vrai nom Léon Fourneau, déployait à la fin du XIXe siècle sa verve sans tabou et son humour subversif. La chanteuse Yvette Guilbert (1865-1944) y a puisé une partie de son répertoire. Ces chansons et d’autres tout aussi oubliées sont au programme du spectacle que Nathalie Joly reprend pour quelques soirs à la Vieille Grille à Paris, et du CD qui en est tiré.
Nathalie Joly interprète Yvette Guilbert dans les deux sens du terme: elle reprend ses chansons et elle traduit dans un langage contemporain son esprit et ses engagements. Le répertoire de celle qu’on appelait «la diseuse fin de siècle» est essentiel dans le patrimoine de la chanson française. Par le choix de ses textes, elle donnait de la femme une image à rebours des codes dominants dans la société patriarcale et sexiste de son époque. Sa science de la scène, son art de faire vivre une chanson, ont révolutionné le monde du café-concert. Son héritage sera porté par Piaf et Barbara, Anne Sylvestre et Marie-Paule Belle… Un fil qui monte jusqu’à Catherine Ringer ou la jazzeuse Cecile McLorin Salvant, qui se réclame aujourd’hui de la grande Yvette. (...) Troisième volet de la série, Chansons sans gêne (créé l’an dernier au Théâtre de Lenche à Marseille) se penche sur les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert, pendant l’Occupation, à Aix-en-Provence, où se cache son mari juif. Au-delà de l’évocation historique, c’est une belle occasion de découvrir de formidables chansons signées Xanrof bien sûr, mais aussi Fragson, Jean Lorrain ou Gaston Couté: la fine fleur de la bohème des années folles, un solide bataillon d’anarchistes, de morphinomanes et d’invertis. Les thèmes de la déchéance sociale des femmes (prostitution, alcool) y croisent la réflexion sur la brièveté de la vie, parfois dans une veine présurréaliste. (…)»
Par Francois-Xavier GOMEZ - LIBERATION
Nathalie Joly interprète Yvette Guilbert dans les deux sens du terme: elle reprend ses chansons et elle traduit dans un langage contemporain son esprit et ses engagements. Le répertoire de celle qu’on appelait «la diseuse fin de siècle» est essentiel dans le patrimoine de la chanson française. Par le choix de ses textes, elle donnait de la femme une image à rebours des codes dominants dans la société patriarcale et sexiste de son époque. Sa science de la scène, son art de faire vivre une chanson, ont révolutionné le monde du café-concert. Son héritage sera porté par Piaf et Barbara, Anne Sylvestre et Marie-Paule Belle… Un fil qui monte jusqu’à Catherine Ringer ou la jazzeuse Cecile McLorin Salvant, qui se réclame aujourd’hui de la grande Yvette. (...) Troisième volet de la série, Chansons sans gêne (créé l’an dernier au Théâtre de Lenche à Marseille) se penche sur les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert, pendant l’Occupation, à Aix-en-Provence, où se cache son mari juif. Au-delà de l’évocation historique, c’est une belle occasion de découvrir de formidables chansons signées Xanrof bien sûr, mais aussi Fragson, Jean Lorrain ou Gaston Couté: la fine fleur de la bohème des années folles, un solide bataillon d’anarchistes, de morphinomanes et d’invertis. Les thèmes de la déchéance sociale des femmes (prostitution, alcool) y croisent la réflexion sur la brièveté de la vie, parfois dans une veine présurréaliste. (…)»
Par Francois-Xavier GOMEZ - LIBERATION