« Et l’Europe découvre le blues… » par Jazz Magazine

C’est avec les tournées de l’American Folk Blues Festival que l’Europe a véritablement découvert le blues. La toute première édition, en 1962, a fait escale à l’Olympia le 20 octobre, pour deux concerts, preuve si ce n’est d’un engouement, au moins d’un intérêt réel pour un genre que certains jugeaient moribond. A ce succès de fréquentation s’ajouta celui de l’album enregistré dans un studio de Hambourg. « Shake It Baby » gravé pour l’occasion par John Lee Hooker devint même un véritable tube. Curieusement, il ne figurait pas au programme de la prestation parisienne qui est proposée pour la toute première fois, issue des archives de Daniel Filipacchi. Deux CD donnent à entendre ce qu’on suppose être l’intégralité du concert de 18 heures, tandis qu’un troisième contient des extraits de celui de minuit. Entendre John Lee Hooker, Sonny Terry et Brownie  McGhee se produire pour la première fois en France est aussi captivant musicalement qu’historiquement. Plus étonnant encore est d’entendre le grand T-Bone Walker se faire huer par une partie du public sur le bien nommé « You Don’t Love Me » alors qu’on l’imagine en train de faire le grand écart, la guitare dans le dos, ce qui, aux Etats-Unis, lui valait des acclamations. Loin de se laisser impressionner, il réplique avec intelligence à ses détracteurs, et reprend « Moanin’ » de Bobby Timmons, pour preuve de son éclectisme. Dommage qu’un travail d’édition peu exigeant ne nous épargne rien de longues introductions ou de fastidieux commentaires qui se voulaient didactiques et qui paraissent aujourd’hui bien sentencieux.
Par Jacques PERRIN – JAZZ MAGAZINE