fff Trois clefs Télérama


« "Une musique de domestiques", avaient décrété les membres de la bonne société argentine. Ils jugeaient "vulgaires" ces guinches des Indiens Guaranis à base de mixtures de polka et de valse qui faisaient fureur dans les basfonds de Buenos Aires au début du XXe siècle. De ce dédain, il doit sûrement rester quelque chose encore aujourd’hui, puisque c’est seulement après avoir remporté de francs succès pendant une dizaine d’années en Europe (à partir de la France, où il a atterri à la fin des années 80) que Raúl Barboza a enfin été reconnu "prophète en son pays".
Ce CD, enregistré en 2001 lors d’un concert à Buenos Aires, témoigne de son bonheur à distiller devant les siens les amples soupirs de bien-être de son accordéon, qui se transmuent en une gaieté primesautière pimentée d’échos de sons d’oiseaux, de trains ou de cascades. Parfois un chant très doux, une guitare qui caracole, une harpe joyeuse ou un piano syncopé s’y glissent, toujours en cultivant la dissonance et l’asymétrie qui font la spécificité de cet amateur de Bartók, Stravinsky ou Oscar Peterson. » Eliane Azoulay - Télérama