Negro Spirituals & Gospel Songs par Jean Buzelin, directeur de la collection Patrimoine Gospel.
Représentant la plus ancienne forme d’expression vocale structurée de l’Amérique noire, les negro spirituals sont apparus au début du XIXe siècle dans les états du Sud alors que l’immense majorité de la population de couleur vivait encore sous le joug de l’esclavage. Ils se sont constitués à partir des psaumes, des hymnes et des cantiques que les Eglises réformées avaient apportés aux Noirs massivement évangélisés. Petit à petit, à partir de ce matériau de base, ceux-ci vont injecter leurs propres traditions préservées tant bien que mal des racines africaines. Ces chants atteignent les communautés grâce aux recueils imprimés, ils sont diffusés par la voix des preachers, ministres des Eglises baptistes et méthodistes noires, ils sont colportés par des évangélistes itinérants, ils sont transmis en famille de génération en génération.
Représentant la plus ancienne forme d’expression vocale structurée de l’Amérique noire, les negro spirituals sont apparus au début du XIXe siècle dans les états du Sud alors que l’immense majorité de la population de couleur vivait encore sous le joug de l’esclavage. Ils se sont constitués à partir des psaumes, des hymnes et des cantiques que les Eglises réformées avaient apportés aux Noirs massivement évangélisés. Petit à petit, à partir de ce matériau de base, ceux-ci vont injecter leurs propres traditions préservées tant bien que mal des racines africaines. Ces chants atteignent les communautés grâce aux recueils imprimés, ils sont diffusés par la voix des preachers, ministres des Eglises baptistes et méthodistes noires, ils sont colportés par des évangélistes itinérants, ils sont transmis en famille de génération en génération.
Ces chants religieux représentent le principal soutien d’une population opprimée et son espoir de connaître un jour la “terre promise”, celle de l’au-delà bien sûr mais aussi la liberté en ce monde, celle qui se situe de l’autre côté de la frontière entre les états du Sud et ceux du Nord.
La guerre de Sécession et la défaite, en 1865, du Sud esclavagiste qui aboutit à l’émancipation, voit la naissance de chorales organisées et de quartettes vocaux masculins. A la fin du XIXe siècle, alors que sont promulguées les lois instituant la ségrégation, sont créées de nouvelles Eglises “sanctifiées” qui favorisent l’expression vocale et corporelle et ouvrent largement leurs portes aux instruments de musique. De petites chorales, souvent mixtes, se forment tandis que des chanteurs-guitaristes vont de porte en porte prêcher la bonne parole. Le début du XXe siècle voit également l’apparition d’un répertoire de chants nouveaux, écrits par des auteurs-compositeurs sur des rythmes et des harmonies plus spécifiquement noires. Ce sont les premiers gospel songs.
A partir des années 20, les disques destinés à la communauté noire vont largement aider à la diffusion de la musique sacrée et à la promotion de ses meilleurs interprètes : quartettes masculins, preachers, chanteurs-guitaristes, petites chorales, etc., avant qu’un nouvel essor ne soit donné au gospel sous l’impulsion de Thomas A. Dorsey, ancien pianiste de blues qui introduit les rythmes profanes et les mélodies populaires dans ses compositions. Dorsey met en place dans les années 30 des structures et des organisations qui permettent de faire connaître à travers tout le pays ce nouveau répertoire de gospel songs. Il favorise la constitution de groupes professionnels dont seront issus de nombreux solistes, Mahalia Jackson en tête, qui obtiendra une consécration mondiale et deviendra la plus grande chanteuse religieuse noire du XXe siècle. Parallèlement, l’irrésistible chanteuse-guitariste Sister Rosetta Tharpe injecte le swing du jazz et l’exubérance du cabaret dans les chants sacrés. Après-guerre, le gospel connaît son âge d’or entre les grands solistes, les quartettes vocaux, les ensembles mixtes ou féminins et l’émergence des grandes chorales d’église. En même temps que les musiques populaires (rhythm and blues, soul music qui lui doivent beaucoup), le gospel évolue grâce à des personnalités comme James Cleveland avant que, en 1969, Oh Happy Day n’atteigne un succès planétaire en propulsant le chant religieux dans le monde de la pop music.
Malgré les profonds bouleversements sociaux de ces dernières décennies ainsi que l’évolution des modes musicales, l’Eglise et les chants sacrés afro-américains demeurent le ferment et le soutien de toute une communauté. Sa ferveur, son message ont conquis le monde entier et partout, en Afrique comme en Europe, des groupes et des chorales se forment et font que le gospel demeure plus vivant que jamais.
Jean Buzelin © 2006 Frémeaux & Associés
La guerre de Sécession et la défaite, en 1865, du Sud esclavagiste qui aboutit à l’émancipation, voit la naissance de chorales organisées et de quartettes vocaux masculins. A la fin du XIXe siècle, alors que sont promulguées les lois instituant la ségrégation, sont créées de nouvelles Eglises “sanctifiées” qui favorisent l’expression vocale et corporelle et ouvrent largement leurs portes aux instruments de musique. De petites chorales, souvent mixtes, se forment tandis que des chanteurs-guitaristes vont de porte en porte prêcher la bonne parole. Le début du XXe siècle voit également l’apparition d’un répertoire de chants nouveaux, écrits par des auteurs-compositeurs sur des rythmes et des harmonies plus spécifiquement noires. Ce sont les premiers gospel songs.
A partir des années 20, les disques destinés à la communauté noire vont largement aider à la diffusion de la musique sacrée et à la promotion de ses meilleurs interprètes : quartettes masculins, preachers, chanteurs-guitaristes, petites chorales, etc., avant qu’un nouvel essor ne soit donné au gospel sous l’impulsion de Thomas A. Dorsey, ancien pianiste de blues qui introduit les rythmes profanes et les mélodies populaires dans ses compositions. Dorsey met en place dans les années 30 des structures et des organisations qui permettent de faire connaître à travers tout le pays ce nouveau répertoire de gospel songs. Il favorise la constitution de groupes professionnels dont seront issus de nombreux solistes, Mahalia Jackson en tête, qui obtiendra une consécration mondiale et deviendra la plus grande chanteuse religieuse noire du XXe siècle. Parallèlement, l’irrésistible chanteuse-guitariste Sister Rosetta Tharpe injecte le swing du jazz et l’exubérance du cabaret dans les chants sacrés. Après-guerre, le gospel connaît son âge d’or entre les grands solistes, les quartettes vocaux, les ensembles mixtes ou féminins et l’émergence des grandes chorales d’église. En même temps que les musiques populaires (rhythm and blues, soul music qui lui doivent beaucoup), le gospel évolue grâce à des personnalités comme James Cleveland avant que, en 1969, Oh Happy Day n’atteigne un succès planétaire en propulsant le chant religieux dans le monde de la pop music.
Malgré les profonds bouleversements sociaux de ces dernières décennies ainsi que l’évolution des modes musicales, l’Eglise et les chants sacrés afro-américains demeurent le ferment et le soutien de toute une communauté. Sa ferveur, son message ont conquis le monde entier et partout, en Afrique comme en Europe, des groupes et des chorales se forment et font que le gospel demeure plus vivant que jamais.
Jean Buzelin © 2006 Frémeaux & Associés