S. Hessel : Ce succès, je l’explique d’abord par son titre. Il y a beaucoup de gens en France, et c’est largement la responsabilité de monsieur Sarkozy, qui trouvent qu’on ne respecte pas quelque chose qui touche à la dignité de la France – y compris sur le plan de la langue, preuve par « Casse-toi pauvre con ! ». Et donc, quand quelqu’un s’avance et dit « Indignez-vous ! », on l’écoute. D’autant plus s’il est très vieux et n’entend pas se faire élire président de la République. Les partis politiques traditionnels inspirent désormais de la méfiance. Je le regrette, moi qui suis encore membre du PS, tout en ayant figuré sur une liste Europe Ecologie aux dernières régionales. Mais il est certain que, pour un jeune français, qui voudrait s’engager aujourd’hui, il manque une figure inspirante comme celle de Pierre Mendès France.
N.O. : « C’est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd’hui remis en cause », écrivez-vous. A quel moment avez-vous commencé à vous sentir mal à l’aise sous ce pouvoir ?
S. Hessel : Mon combat constant, depuis 1985, c’est l’immigration. Depuis longtemps je travaille sur ce sujet avec des gens merveilleux, comme l’historien Patrick Weil. Je me suis beaucoup battu à l’époque des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, en 1996. Je considère que la France a un rôle très important à jouer à ce propos de par la multiplicité des cultures présentes sur son territoire. La France devrait être un exemple pour l’Europe entière dans sa façon d’intégrer les immigrés. Ma première colère contre la période Sarkozy, c’est donc ça. Hortefeux et Besson, c’est ce qu’on peut faire de pire. Une politique scandaleuse d’expulsions massives, basée sur des quotas à respecter, et ce bien avant le problème des Roms. Je suis d’accord avec Michel Rocard : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. » Le problème, c’est qu’on a laissé tomber la seconde partie de sa phrase ! Pour le reste, je ne peux que constater le triomphe de l’argent. Depuis 2007, tout a été fait pour complaire aux grandes fortunes françaises. Une politique fiscale plus solidaire, voilà une autre chose pour laquelle je suis prêt à me battre. […]
Par Aude LANCELIN – LE NOUVEL OBSERVATEUR
N.O. : « C’est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd’hui remis en cause », écrivez-vous. A quel moment avez-vous commencé à vous sentir mal à l’aise sous ce pouvoir ?
S. Hessel : Mon combat constant, depuis 1985, c’est l’immigration. Depuis longtemps je travaille sur ce sujet avec des gens merveilleux, comme l’historien Patrick Weil. Je me suis beaucoup battu à l’époque des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, en 1996. Je considère que la France a un rôle très important à jouer à ce propos de par la multiplicité des cultures présentes sur son territoire. La France devrait être un exemple pour l’Europe entière dans sa façon d’intégrer les immigrés. Ma première colère contre la période Sarkozy, c’est donc ça. Hortefeux et Besson, c’est ce qu’on peut faire de pire. Une politique scandaleuse d’expulsions massives, basée sur des quotas à respecter, et ce bien avant le problème des Roms. Je suis d’accord avec Michel Rocard : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. » Le problème, c’est qu’on a laissé tomber la seconde partie de sa phrase ! Pour le reste, je ne peux que constater le triomphe de l’argent. Depuis 2007, tout a été fait pour complaire aux grandes fortunes françaises. Une politique fiscale plus solidaire, voilà une autre chose pour laquelle je suis prêt à me battre. […]
Par Aude LANCELIN – LE NOUVEL OBSERVATEUR