Les chefs-d’œuvre sont de ces livres que l’on n’a pas lus, ou seulement à travers les multiples commentaires et catégories qu’ils ont suscités ; il en va ainsi du « Don Quichotte » de Cervantès, remarque Michel Onfray. Pour inaugurer sa contre-histoire de la littérature, le preux défenseur de l’hédonisme s’attaque au chevalier à la Triste Figure pour en faire le héros de la dénégation, celui qui persiste à croire que « le réel n’a pas eu lieu ». Les moulins à vent ? De redoutables géants. La femme fantasmée ? Dulcinée qui attend le récit de valeureux exploits toujours à venir, jamais accomplis. En dénégateur compulsif, Quichotte aspire à l’idéal, la pureté, l’ascétisme, quand Sancho Pança incarne l’« ironie libertaire ». Au donquichottisme qui sacre le « triomphe de la déraison pure », Onfray préfère le « sanchopançisme » qui est « philosophie du réel idiot », un « réel pur, sans à-côté, sans arrière-monde ». Onfray joue la raison contre la foi, le jouisseur contre le rêveur. Une nouvelle lecture pour de nouveaux concepts… qui sont les vieilles lunes du philosophe.
Par V.D.O.- PHILOSPHIE MAGAZINE
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