Le récent album du pianiste Patrick Favre fort justement encensé par le collège des critiques de jazz est assurément un album particulièrement abouti. Avec ce qu’il faut de travail artistique en amont pour en faire un grand album de trio dans la veine des pianistes qui s’inspirent du trio de Brad Meldhau tout en affichant leur propre personnalité. C’est dire. Ici Patrick Favre a une façon d’aborder la musique en explorant systématiquement un registre dans le médium-grave du clavier qui lui donne, sans pathos une réelle profondeur. Les compositions signées toutes du pianiste sont admirables et donnent un réel espace à une rythmique ici exceptionnelle, composée de Gildas Boclé et Karl Jannuska en totale emphase avec la musique du pianiste. Et c’est lorsque la compréhension mutuelle de la musique devient si intimement partagée que le trio de jazz, modèle d’équilibre fragile s’il en est, parvient à se hisser sur des sommets et à créer la magie du beau. C’est parce que ces trois-là comprennent le texte et l’esprit du texte qui leur est donné à jouer qu’ils donnent à leur musique une densité palpable, tel un cœur battant que l’on sentirait pulser sous la main. Et cela avec autant de dignité que d’élégance dans l’art de dire des choses aussi belles qu’essentielles."
par Jean-Marc GELIN - LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ
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