« L’authenticité de l’interprétation » par Classica

2002 ayant été décrétée « Année franco-tchèque », on ne s’étonnera pas de la multitude des parutions consacrées à la musique morave ou bohémienne. Hélas, le répertoire pour violon et piano est assez limité, et l’on revient presque automatiquement aux mêmes œuvres. Les mélomanes qui n’aiment pas les doublons d’œuvres dans leur discothèque risquent de bouder cet enregistrement, et c’est bien dommage. On ne peut être que séduit par l’authenticité de l’interprétation, le naturel de ces deux artistes réunis ici. Le diptyque de Smetana retrouve sous l’archet de Frantisek Novotny cette intériorité, voulue par l’auteur, que bien des violonistes au style plus conquérant lui font perdre. La Sonatine de Dvorák est une page fraîche et spontanée, teintée parfois d’une certaine nostalgie ; l’esprit « musique de chambre » qu’adoptent les deux musiciens font de cette partition, aux proportions assez réduites, une sonate à part entière. La ballade de Joseph Suk offre au violon – au demeurant excellent et d’une grande beauté de timbre – un rôle prépondérant : celui de déclamer un grand chant d’amour, avec ses moments de joie, mais aussi de passion plus ténébreuse. C’est la Sonate de Janácek qui m’a paru la moins bienvenue ; dans ses quatre mouvements, l’atmosphère n’est pas toujours aussi sombre que celle dépeinte par Novotny et Holly ; l’anxiété s’ouvre parfois sur des lueurs d’espoir, très faibles il est vrai, mais bien réelles. Une légère restriction qui m’empêche de mettre cet album au même niveau que celui de Remes / Kayahara (Praga), au programme presque identique (voir Classica n°32).
Xavier REY - CLASSICA