Les productions du regretté Patrick Tandin, reprises par son frère Jean-Pierre, rééditent deux disques de Benoît Blue Boy, « parlez-vous français » et « plus tard dans la soirée » parus respectivement en 1990 et 1993. Belle initiative car d’une part ces deux galettes n’ont pas pris une ride et d’autre part Benoît Blue Boy est toujours, hélas, ignoré des larges masses. Il faut dire qu’il a rarement les honneurs de la presse. Warum ? Car si la plupart des bluesmen français ont du mal à ne pas sonner « variétés », « Benoît côtoie familièrement cet esprit profond, essentiel, qui remet en scène l’éternelle route des amours, des raisons sociales, des déraisons humaines (…) le Blues » (Patrick Tandin), pas de production lisse calibrée FM mais une approche roots bienvenue. Depuis plus de 25 ans, Benoît Blue Boy suit son bonhomme de chemin, celui d’un blues relax, en français, tendance Louisiane, authentique et plein d’humour (« un maître du genre dans les paroles pleines de dérision (…) qui font appel au non-sens », écrit Jacques Lacava, dans les notes de pochette) cf. « Qu’est-ce que t’en feras », « Elle veut vendre ma guitare » ou « T’inquiètes pas Benoît ». Benoît Blue Boy est toujours très bien entouré : Claude Langlois steel guitar, Geraint Watkins, accordéon, Bill Thomas, guitare…sur le premier disque, et les Tortilleurs, très efficace, sur l’autre (J.M. Despeignes, basse, F. Bodin, guitare, qui se fend de bien beaux chorus et P. Floris batterie). Excellent chanteur (voix traînante, un peu fatiguée) et harmoniciste, Benoît Blue Boy a le feeling, l’esprit profond du blues. Ca l’fait comme on dit ! Benoît Blue Boy ne se prend pas la tête et laisse le bon temps rouler, cultivant une sorte de nonchalance et de décontraction qui l’air de rien vous embarque à fond. (cf. le très réussi « j’marche doucement » ou « j’’me relève la nuit »). Si vous avez raté la première parution, ne laissez pas passer cette deuxième chance !
François COUVREUX – TRAD MAG
François COUVREUX – TRAD MAG