Tiré des inépuisables archives de Deben Bhattacharya, ce double album présente une sélection d’enregistrements réalisés en Israël en 1957. Les multiples communautés de la diaspora juive qui y convergeaient alors avaient conservé leurs particularités culturelles que, par la force des choses, l’actuel melting-pot israélien a quelque peu atténuées. Consacré aux musiques profanes des juifs d’Orient, le premier CD s’ouvre sur un choix de chants d’amour interprétés dans le style marocain par le chanteur et luthiste Sebag Hehuda, dont les accents nostalgiques évoquent parfois les parfums tenaces de la terre andalouse. Après quelques chants de mariage tunisiens et yéménites accompagnés de percussions de fortune tel un bidon de kérosène, cette sélection orientale se termine sur les airs de fête du répertoire de Boukhara, conservé par un ensemble amateur où l’on retrouve, outre la voix d’une chanteuse, les principaux instruments de la musique ouzbèke : cithare chang, vièle kamancha, luth tanbur et tambour doira.
Les juifs d’Europe sont représentés sur le seconde disque, tout d’abord par un chœur constitué d’Ashkénazes originaires d’Ukraine et de Hongrie formés à l’école synagogale. De magnifiques voix aux timbres graves et puissants nous permettent d’apprécier les accents de quelques chants religieux interprétés en hébreu. Changement de ton ensuite avec l’orchestre de la police de Tel Aviv qui, formé d’émigrés autrichiens, tchèques, roumains et grecs, a conservé toute la truculence des fanfares d’Europe centrale. Comme on pouvait l’espérer, ce périple se conclut avec trois ballades séfardiques, interprétées en ladino (espagnol ancien) par un petit groupe familial sur l’accompagnement du luth paternel. En restituant la mémoire d’une époque si particulière dans l’histoire du peuple juif, cette publication témoigne de l’étonnant brassage de cultures dont les premières années de l’Etat d’Israël furent le théâtre.
Laurent AUBERT – LE MONDE DE LA MUSIQUE
Les juifs d’Europe sont représentés sur le seconde disque, tout d’abord par un chœur constitué d’Ashkénazes originaires d’Ukraine et de Hongrie formés à l’école synagogale. De magnifiques voix aux timbres graves et puissants nous permettent d’apprécier les accents de quelques chants religieux interprétés en hébreu. Changement de ton ensuite avec l’orchestre de la police de Tel Aviv qui, formé d’émigrés autrichiens, tchèques, roumains et grecs, a conservé toute la truculence des fanfares d’Europe centrale. Comme on pouvait l’espérer, ce périple se conclut avec trois ballades séfardiques, interprétées en ladino (espagnol ancien) par un petit groupe familial sur l’accompagnement du luth paternel. En restituant la mémoire d’une époque si particulière dans l’histoire du peuple juif, cette publication témoigne de l’étonnant brassage de cultures dont les premières années de l’Etat d’Israël furent le théâtre.
Laurent AUBERT – LE MONDE DE LA MUSIQUE