« L’un des très grands albums jazz de cette année » par Couleurs jazz

« Francis Lockwood revient avec un album en 4tet parfaitement lumineux. Francis Lockwood, pianiste et compositeur est un musicien rare au jeu remarquable ; un grand maître des harmonies et du rythme, aussi à son aise dans les répertoires jazz bebop que dans les univers rock, celui de Franck Zappa ou bien encore de Jimi Hendrix. Avec ce nouvel album sorti chez Frémeaux & Associés, il évoque davantage et avec beaucoup d’adresse et de bonheur, le jazz hardbop, en hommage au célèbre club de Jazz New-yorkais, le Minton’s Playhouse. L’album est d’un bout à l’autre jubilatoire. Dès l’ouverture, « Spiritual Ways » vous secoue les neurones un grand coup, pour vous mettre dans les meilleures conditions d’écoute pour ce qui va suivre… Et dès le 2ème morceau, « Night Blues », ça y est, vous êtes entièrement captivé. On est dans l’album qui fera date, un futur collector. Une seule écoute suffit, confirmée par toutes les autres, que l’on ne peut s’empêcher d’enchainer. Voici alors, le titre éponyme de l’album « Minton Blues »… À ce stade, on sait que l’on tient entre les mains quelque chose de grand. Dans tous les titres de l’album, la couleur particulière et si vive, du saxophone de Baptiste Herbin, ajoute encore à la qualité de l’ensemble. On sent la complicité qui lie le pianiste d’expérience à la virtuosité du jeune et brillant saxophoniste (« Crazy Boubou »). Francis tend des perches monumentales que Baptiste saisit avec toute sa fougue pour propulser l’ensemble encore plus haut et repasser le témoin…
Tout ceci est bien sûr rendu possible par la présence d’une rythmique également fortement complice : le (très) excellent batteur Frédéric Sicart, en pleine confiance qu’il est, entouré de tels compagnons et en particulier de son binôme, le génial contrebassiste Cubain, Damian Nueva. D’ailleurs ces deux musiciens révèlent tout leur art dans « Habana Night » et « Carribean Processsion » Notons les solos de contrebasse de Damian, très nostalgique dans « Didier » et inspiré dans « Black Movie ». Les deux morceaux hommages au frère du pianiste, Didier Lockwood : « Didier » et « My Brother » sont encore plus poignants, quand on sait que le quartet revenait tout juste d’une semaine dans les studios ICP à Bruxelles pour l’enregistrement de cet album, quand Francis put échanger une dernière fois avec son frère, quand la planète jazz entière, apprit la terrible nouvelle. Sans doute aucun, Minton’s Blues est l’un des très grands albums jazz de cette année qui s’achève. Et peut-être pas seulement de cette année. Comme pour les grands vins, il faut attendre qu’il se révèle… du moins et nous l’espérons, auprès d’un très large public. »
Par Jacques PAUPER – COULEURS JAZZ